L’argent, le nerf de la guerre
L’arrivée d’acteurs privés a durci la concurrence entre les chaînes, et une logique de marché a fini par s’imposer pour orienter les réformes du secteur.
Trop lourds, trop coûteux. L’angle d’attaque favori des pourfendeurs de l’audiovisuel public se situe incontestablement dans son financement. L’arrivée d’acteurs privés a durci la concurrence entre les chaînes, et une logique de marché a fini par s’imposer pour orienter les réformes du secteur. Les attaques sur le coût des structures publiques sont par ailleurs survenues à la fois dans des pays ayant connu des cures d’austérité (Espagne, Portugal, Italie), tout comme des pays en meilleure santé économique (Suisse, Allemagne).
L’audiovisuel public français n’échappe pas à cette salve de critiques.
Selon les informations du journal Les Echos, les économies exigées par le gouvernement dans les différents groupes s’élèveraient à 500 millions d’euros d’ici 2022, soit 13 % d’un budget total alloué par l'État de 3,9 milliards d’euros.
« Il s’agit d’une critique populiste classique : cela coûte trop cher, même si cette redevance n’est pas particulièrement élevée », relève Patrick Eveno, professeur d’histoire des médias à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne. En 2008, le Parti des Libertés de Silvio Berlusconi (par ailleurs principal actionnaire de Mediaset, le plus gros groupe de média italien), fustigeait le coût de la redevance et son poids dans le budget des ménages. D’un montant de 107 euros annuels, elle était pourtant l’une des plus faibles d’Europe.
Dans cette logique, la redevance fait office de cible de choix, et ce indépendamment du fait que le système soit populaire auprès du public. En décembre 2016, 65 % des Allemands déclaraient que l'audiovisuel public était « une part indispensable de la culture en Allemagne » (enquête annuelle sur les médias en Allemagne effectuée par l’ARD et le ZDF).
En 2013, les Allemands ont anticipé l’évolution des comportements liés à la consommation audiovisuelle en remplaçant leur redevance par une contribution obligatoire désormais rattachée à la taxe d’habitation et non plus à la possession d’une télévision. En tout, c’est un peu plus de 7 milliards d’euros annuels qui sont récoltés via cette taxe universelle et imposée (contrairement à la France où elle repose sur un système déclaratif), soit un montant de 17,50 euros par mois (215 euros par an), permettant de financer 22 chaînes de télévision et 67 antennes de radio. Et pourtant, même chez les voisins d’outre-Rhin, cette contribution est pointée du doigt en raison de son coût (215,76 euros par an) et de son mode de prélèvement.
Trop lourds, trop coûteux. L’angle d’attaque favori des pourfendeurs de l’audiovisuel public se situe incontestablement dans son financement. L’arrivée d’acteurs privés a durci la concurrence entre les chaînes, et une logique de marché a fini par s’imposer pour orienter les réformes du secteur. Les attaques sur le coût des structures publiques sont par ailleurs survenues à la fois dans des pays ayant connu des cures d’austérité (Espagne, Portugal, Italie), tout comme des pays en meilleure santé économique (Suisse, Allemagne). L’audiovisuel public français n’échappe pas à cette salve de critiques.
Selon les informations du journal Les Echos, les économies exigées par le gouvernement dans les différents groupes s’élèveraient à 500 millions d’euros d’ici 2022, soit 13 % d’un budget total de 3,9 milliards d’euros.
« Il s’agit d’une critique populiste classique : cela coûte trop cher, même si cette redevance n’est pas particulièrement élevée », relève Patrick Eveno, professeur d’histoire des médias à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne. En 2008, le Parti des Libertés de Silvio Berlusconi (par ailleurs principal actionnaire de Mediaset, le plus gros groupe de média italien), fustigeait le coût de la redevance et son poids dans le budget des ménages. D’un montant de 107 euros annuels, elle était pourtant l’une des plus faibles d’Europe.
Dans cette logique, la redevance fait office de cible de choix, et ce indépendamment du fait que le système soit populaire auprès du public. En décembre 2016, 65 % des Allemands déclaraient que l'audiovisuel public était « une part indispensable de la culture en Allemagne » (enquête annuelle sur les médias en Allemagne effectuée par l’ARD et le ZDF). En 2013, les Allemands ont anticipé l’évolution des comportements liés à la consommation audiovisuelle en remplaçant leur redevance par une contribution obligatoire désormais rattachée à la taxe d’habitation et non plus à la possession d’une télévision. En tout, c’est un peu plus de 7 milliards d’euros annuels qui sont récoltés via cette taxe universelle et imposée (contrairement à la France où elle repose sur un système déclaratif), soit un montant de 17,50 euros par mois (215 euros par an), permettant de financer 22 chaînes de télévision et 67 antennes de radio. Et pourtant, même chez les voisins d’outre-Rhin, cette contribution est pointée du doigt en raison de son coût (215,76 euros par an) et de son mode de prélèvement.
En effet, depuis l’arrivée du parti libéral (FDP) et de l’extrême droite (AfD) au Bundestag, le camp des adversaires de la taxe s’est renforcé. Ainsi, l’AfD prône sa suppression pure et simple tandis que le FDP milite simplement pour sa réduction et la suppression de la publicité dans le secteur public. Par ailleurs, plusieurs ministres-présidents des Länders ont pris position pour la fusion des grandes chaînes publiques ARD et ZDF, ainsi que pour une baisse des budgets.
Certains considèrent qu’un tel mode d’imposition est trop contraignant, notamment pour les entreprises puisque ces dernières doivent s’acquitter de la contribution proportionnellement à leur nombre de salariés. Du côté du secteur privé, des voix s’élèvent pour dénoncer les moyens jugés exorbitants de l’audiovisuel public. Ainsi Conrad Albert, membre de la direction du premier groupe de télévision privé allemand ProSiebenSat1, s’est exprimé en faveur d’un financement public pour les contenus « participant au débat démocratique », en lieu et place d’une taxe allouée à des structures.
Même tendance au Royaume-Uni où une étude du CSA britannique, l’Ofcom, indique que 78 % des téléspectateurs britanniques se déclaraient satisfaits de l’offre audiovisuelle publique en 2016 et 75 % affirmaient avoir confiance dans les programmes du service public, soit une hausse de 5 % par rapport à 2015. Pour autant, toujours dans une logique de réduction des déficits budgétaires, la BBC s’est vue contrainte d’effectuer des réductions drastiques ces dernières années. L’entreprise a subi des restructurations en 2010 puis 2015, amputant son budget de 150 millions de livres sterling (213 millions d’euros). Ses effectifs ont fondu, passant de 23 000 à 16 000 salariés entre 2012 et 2017. La redevance s’est par ailleurs retrouvée sur la sellette lors des négociations sur la dernière charte courant de 2017 à 2028. Si John Whittingdale, le ministre de la Culture du gouvernement de David Cameron, voulait l’abolir, elle a néanmoins été sauvée au prix de nombreuses concessions, dont la prise en charge par le groupe de l’exonération de la redevance pour les plus de 75 ans, représentant un coût de 700 millions d’euros.
En Suisse, l’initiative « No Billag » souhaitait remettre en cause l’existence de la redevance. Dans une logique très libérale, les initiateurs de la votation estimaient en effet que les Suisses ne devraient payer que pour ce qu’ils consomment, sur le modèle de Netflix. Dans le texte soumis au vote du peuple suisse le 4 mars, il était ainsi inscrit que la Confédération ne devrait en aucun cas financer les chaînes publiques.
Le salaire des présentateurs des chaînes publiques peut également être un motif de griefs. C’est le cas en Italie où la Rai, non seulement offre des salaires extrêmement élevés à ses présentateurs vedettes pour les garder dans son giron, mais est également accusée de népotisme. En 2011, le vice-directeur général de la chaîne publique avait ainsi fait embaucher quatre membres de sa famille (et la nounou de sa fille) au sein du groupe à des postes pour lesquels ils n’étaient pas qualifiés.
Les montants des salaires ont également fait l’objet de critiques en Grande-Bretagne de la part du gouvernement tout comme à l’intérieur de la BBC, où six présentateurs vedettes ont dû réduire leurs traitements début 2018, en plein débat sur les fortes inégalités hommes-femmes au sein du groupe.
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