Le rachat par Facebook
En août 2012, ce petit monde Instagram se met à trembler : la société annonce son rachat par Facebook pour un milliard de dollars. Jusqu’alors, les utilisateurs d’Instagram étaient plutôt fiers d’avoir investi un réseau indépendant avec une dose de créativité et surtout d’avoir su résister à l’omniprésence de Facebook. Les voilà rattrapés par ce réseau auquel personne ne semble pouvoir échapper. Le rachat d’Instagram par Facebook provoque le scepticisme des observateurs : pourquoi le géant Facebook a-t-il déboursé un milliard de dollars pour acquérir une start-up, qui certes connaît un succès certain, mais ne dispose pour le moment d’aucun modèle économique ?
Facebook est la plus grande banque d’images au monde.
Parce que la mobilité est le point faible de Facebook dont la majorité des partages (musique, liens vidéos…) se fait principalement
depuis un poste fixe et qui peine à tirer des revenus de son
activité mobile. Malgré les bonnes performances d’Instagram, Facebook héberge 7
0 fois plus de photos que l’application ce qui en fait la plus grande banque images du monde (
200 millions de photos y sont uploadées chaque jour). Dans ces conditions, il s’avère plus que nécessaire de capitaliser dessus ce qui permet de toucher (voire d’entrer littéralement dans) les mobiles des utilisateurs. De façon plus anecdotique mais peut-être pas moins sérieuse, c’est aussi l’occasion de se défaire de l’image un peu ringarde du
réseau qui peine à séduire les plus jeunes.
Pour Instagram, la somme de un milliard de dollars devrait suffire à expliquer cette transaction. Certes la plateforme fonctionne très bien mais elle n’a pas encore de modèle économique et surtout n’est pas à l’abri d’être détrônée par la nouvelle application qui viendra la mettre hors-jeu. Avec ce rachat, la
success story (une parmi d’autres) de la petite application rachetée par le géant de l’Internet est en marche. Preuve supplémentaire que Facebook a réalisé une bonne opération :
Twitter s’y serait cassé les dents en proposant une somme bien inférieure à celle de Mark Zuckerberg. Peu enclins à commenter cette histoire, les dirigeants de Twitter n’ont toutefois pas tardé à répliquer en lançant une
collection de filtres internes pour les applications mobiles et en
bloquant la visualisation de photos provenant d’Instagram dans les fils d’actualité du site de micro-blogging.
Du côté des IGers (surnom donné aux utilisateurs d’Instagram), la nouvelle du rachat par Facebook est également loin de remporter l’adhésion. Excédés par l’hégémonie de la firme de Palo Alto sur le secteur et surtout échaudés par le peu de cas qu’elle fait de la protection de la vie privée, de nombreux utilisateurs appellent au boycott et à la migration vers d’autres réseaux. Le malaise est entretenu par le flou qui entoure les nouvelles conditions générales d’utilisation (CGU) présentées au moment du rachat, laissant penser que
Facebook pourrait s’octroyer le droit de vendre les photos publiées sur Instagram. La mobilisation des utilisateurs est telle que Kevin Systrom se voit dans l’obligation de faire marche arrière et de publier une mise au point sur le
blog de l’entreprise insistant sur l’indépendance de la
start-up. Grossière erreur stratégique ou test de la réaction des utilisateurs, ce mini-scandale aura laissé quelques traces avec le départ, selon l’AppStats, de
près de la moitié de ses utilisateurs actifs.