Un futur incertain
« Nous ne leur donnerons pas carte blanche », soutient le président de Pospert. Ces derniers mois, les anciens salariés d'ERT se sont réunis en assemblée générale pour élaborer des propositions concrètes et influer sur une éventuelle nouvelle transformation de l'audiovisuel public grec.
« Il règne actuellement à ERT Open un climat certain d'euphorie », souligne Sylvie Ballut, une journaliste franco-grecque qui a travaillé pendant trente ans à la radio, « la situation va enfin s'éclaircir en ce qui concerne l'audiovisuel public, c'est aussi l'occasion unique d'un changement de politique pour sortir de l'impasse de l'austérité ». Contrairement à d'autres membre d'ERT Open, elle ne se montre pourtant guère optimiste : « Syriza est vraiment tout seul, même le Parti communiste de Grèce (KKE) est contre lui, à tel point que la chaîne gouvernementale Nerit retransmet toutes les allocutions de son secrétaire général ». Or, il sera difficile au parti de la gauche radicale d'obtenir la majorité absolue au parlement. Dans le cas contraire, il devra passer des alliances avec d'autres partis, et faire des compromis.
Si la réouverture d'ERT est soutenue par une majorité parlementaire, de nombreuses interrogations restent en suspens : Quelle sera la marge de manœuvre de la Grèce face à ses créanciers pour effectuer et financer des réformes ? Quelles missions remplira le futur service public audiovisuel ? Avec quels moyens ? Comment garantir une indépendance réelle ? Un période de réorganisation chaotique est à prévoir.
« Il est aussi probable que le nouvel ERT devienne la chaîne de Syriza », note Sylvie Ballut. Syriza devra faire face à l'hostilité des chaînes privées et pourrait être tenté, comme les gouvernements précédents, de contrôler l'audiovisuel public pour asseoir son pouvoir.
En cas de victoire de Nouvelle Démocratie et de ses alliés, Nerit et le modèle d'un groupe de petite taille, au rôle social et culturel réduit, sortiront renforcés de l'épreuve. Quant à l'opérateur historique ERT, il appartiendra définitivement au passé.
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Crédits photos :
Nicolas BrodardPhoto 1. – 06/11/2014, Journal TV d’ET3, Stelios Nikitopoulos interviewe Panagiotis Kalfagiannis, président de PROSPERT.
Photo 2. – 04/11/2014, Andreas Papastamatiou lors de son émission de chronique politique, dans le studio principal de la chaîne radio ERT Open à Athènes.