Vodafone persiste et signe en Inde

Vodafone persiste et signe en Inde

L’opérateur britannique Vodafone profite de la libéralisation du marché des télécoms pour devenir actionnaire à 100 % de sa filiale en Inde, en dépit de ses déboires avec l’administration du pays.
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L’histoire mouvementée de Vodafone en Inde connaît de nouveaux développements alors que l’opérateur britannique vient d’annoncer son intention de devenir propriétaire à 100 % de sa filiale indienne grâce à un investissement de 1,7 milliard de dollars. Vodafone est ainsi le premier opérateur étranger à prendre avantage de la libéralisation du secteur annoncée en juillet 2013. La chute spectaculaire de la roupie et le ralentissement économique expliquent en partie la décision du gouvernement qui a mis fin à la limite de 74 % sur l’investissement direct étranger dans les télécoms(1) mais les acteurs du secteur espèrent avant tout assister à une modernisation et une consolidation du marché. La concurrence est en effet féroce sur le deuxième marché au monde de nombre d’abonnés. Les coûts d’acquisitions des licences, l’incertitude réglementaire, l’importance des investissements et le faible tarif des télécommunications affectent durement la rentabilité des douze opérateurs qui se partagent 913 millions d’abonnés(2).
 
Depuis son entrée sur le marché en 2007(3), Vodafone a investi  plus de 8,8 milliards de dollars dans sa filiale indienne. Avec 155 millions d’abonnés, il est désormais le deuxième opérateur en volume derrière Bharti Airtel - et le troisième en termes de revenus (derrière Bharti Airtel et Reliance) mais cette croissance ne s’est pas faite sans heurts, à tel point que le PDG de la filiale indienne, le hollandais Marten Pieters déclarait récemment à la presse : « Si vous n’avez pas l’estomac suffisamment solide pour l’Inde, ne venez pas ! ». Il y a d’abord eu les volte-face de l’administration indienne concernant l’attribution des licences d’exploitation, comme l’annulation de 122 licences en février 2012 suite à un scandale de corruption, la multiplication par quatre du prix des licences arrivées à expiration et qu’il faut aujourd’hui renouveler et bien sûr,  la très médiatisée taxation rétroactive des acquisitions étrangères qui a permis au fisc indien de réclamer plus de 2,2 milliards de dollars à la filiale britannique. À cela, il faut ajouter que le revenu moyen par abonné, s’il est en constante augmentation, reste faible, à  196 roupies(4). Aussi, la décision de Vodafone de devenir actionnaire à 100 % (contre 64,38 % aujourd’hui) peut être interprétée comme une véritable profession de foi, cohérente avec la stratégie globale du groupe, celle d’investir dans les marchés en développement via des acquisitions et d’y investir lourdement par la suite. 78 % des abonnés Vodafone habitent désormais dans les pays émergents, essentiellement en Inde et en Afrique et ils représentent d’ores et déjà 30 % du chiffre d’affaires(5), tandis que le groupe s’est retiré en septembre 2013 du marché américain.
 
Si l’endettement de la filiale indienne reste important, à 4,8 milliards de dollars, la profitabilité est en hausse et Vodafone affirme son emprise sur le marché indien : il a notamment pris la tête dans les zones rurales, dépassant le leader national Bharti Airtel de quelques centaines de milliers d’abonnés, un signal très positif quand on sait que ce sont ces zones rurales qui offriront les meilleures opportunités de croissance à l’avenir, la pénétration de la téléphonie mobile y étant moins importante que dans les villes. Prudent, Vodafone ne suivra pas pour l’instant ses concurrents Bharti Airtel et Reliance dans le déroulement de la 4G, estimant que le marché n’est « pas prêt ». 

Crédits photo :
Arti Sandhu / Flickr

(1)

L’augmentation des IDE devrait à la fois soutenir la croissance et le taux de change de la roupie par l’afflux de dollars qui en résultera. 

(2)

Ou 319 millions d’abonnés uniques si l’on se réfère aux dernières statistiques de la GSMA. 

(3)

Via le rachat d’Hutchison Essar. 

(4)

2,31 euros, chiffres du second trimestre 2013. 

(5)

Une distorsion qui s’explique par la faiblesse du revenu par abonné sur ces marchés.  

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