Diversité culturelle en Argentine : l’éveil tardif des pouvoirs publics

Diversité culturelle en Argentine : l’éveil tardif des pouvoirs publics

Quelle place pour les industries culturelles dans l'agenda politique argentin ?
Temps de lecture : 14 min

Cet article n’a pas pour ambition de dresser un tableau exhaustif des industries culturelles argentines(1). Il s’agit plutôt de donner quelques clés pour appréhender leur rôle et leur place dans l’Argentine d’aujourd’hui, non seulement en termes économiques, mais aussi politiques, législatifs et identitaires. De fait, la réflexion menée depuis quelques années sur ce thème en Argentine tant par les chercheurs, que les pouvoirs publics ou les acteurs de ce secteur s’inscrit dans un mouvement plus large qui, à l’échelle mondiale, envisage les industries culturelles à travers le concept de « diversité culturelle » .Le thème de la valorisation et de la protection de la pluralité des expressions culturelles, aussi bien nationales que locales, la crainte d’une homogénéisation de la culture au niveau mondial et la question du statut des biens et services culturels, au-delà de leur valeur marchande, constituent de fait les termes d’un débat qui a lieu autant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières argentines. Nous verrons donc ici comment s’articulent, sur ce terrain, les enjeux propres à ce pays et les dynamiques qui se jouent à l’échelle supranationale.

Évaluer la place et le rôle des industries culturelles : la question des indicateurs

Les industries culturelles argentines se caractérisent par leur concentration, aussi bien économique que géographique, la ville et la province de Buenos Aires occupant une place centrale dans ce domaine. L’ensemble de ces industries représente aujourd’hui à peu près 3 % du PIB argentin(2) et mobilise environ 200 000 emplois (soit 2 % de la population active). Le secteur connaît un certain dynamisme : le nombre d’emplois qu’il a générés a de fait augmenté de 11,5 % entre 2006 et 2007, ce qui constitue une hausse supérieure à celle des autres activités(3).

En Argentine, comme ailleurs, se pose la question des instruments de mesure pour évaluer l’importance de ce secteur. Un rapport à ce sujet, élaboré en 2006 par le secrétariat à la culture, note que, contrairement à des pays comme le Canada, la France, l’Angleterre ou l’Australie, les nations dites « émergentes », dont fait partie l’Argentine, n’ont que très récemment mis en place des politiques actives en la matière et qu’il a fallu attendre la fin des années 1990 pour que l’on prête attention aux enjeux économiques, mais aussi culturels et stratégiques, de ce secteur d’activité.  Les premières initiatives visant à mettre en place des indicateurs permettant d’analyser la place et le rôle des industries culturelles dans l’économie argentine ont d’abord eu lieu à un niveau supranational. Ainsi, en 1998, un Séminaire international sur l’économie, la culture et le mécénat  est organisé par le Fonds national des arts(4) et par le Centre d’études latino-américaines de l’université du Maryland. L’année suivante, en parallèle au travail mené sur ce thème par l’UNESCO, les membres de la Convention Andrés Bello(5) s’accordent sur la nécessité de définir des indicateurs communs pour analyser les liens entre économie et culture. Toujours en 1999, la réunion du Parlement culturel du MERCOSUR (PARCUM) approuve la conduite d’une étude sur les incidences économiques et sociales des industries culturelles pour l’intégration régionale. À partir de là, rapports et analyses se sont multipliés et c’est dans ce contexte de prise de conscience transnationale que l’Argentine met peu à peu en place des structures chargées de collecter et d’analyser les données nécessaires pour appréhender l’état et les évolutions des industries culturelles ainsi que leur part dans l’économie du pays. Elles ne sont dès lors plus considérées de manière fragmentaire, mais bien comme un système de synergies autant culturelles qu’économiques ayant une incidence non négligeable sur le développement national.

Trois de ces institutions doivent être mentionnées, dans la mesure où elles fournissent l’essentiel des informations utilisées tant par les chercheurs que par les pouvoirs publics.
 Un véritable effort est donc mené depuis quelques années pour une plus grande visibilité des industries culturelles et une véritable évaluation de leur impact sur l’économie et la société argentines. 
Il s’agit de l’Observatoire des industries culturelles du gouvernement de Buenos Aires, du Laboratoire des industries culturelles du secrétariat à la Culture de la Nation et du Système d’informations culturelles de l’Argentine (SInCA). Ce dernier offre, entre autres, une série de cartes sur la distribution géographique de différents secteurs d’activité (radios, maisons d’édition, chaînes de télévision gratuites, journaux, agences d’information…), ainsi qu’un outil de recherche permettant d’avoir accès aux statistiques de chacun d’entre eux. Un véritable effort est donc mené depuis quelques années pour une plus grande visibilité des industries culturelles et une véritable évaluation de leur impact sur l’économie et la société argentines. Cette prise de conscience se joue autant au niveau national que régional.

Les industries culturelles argentines : perspective historique

L’histoire de ce pays est, à bien des égards, une clé de compréhension nécessaire pour appréhender la situation actuelle des industries culturelles.
 
La croissance économique, démographique et urbaine de l’Argentine, de la fin du XIXe siècle aux premières décennies du XXe siècle, conjuguée aux politiques publiques d’alphabétisation, ont créé les conditions nécessaires à l’établissement d’une production culturelle importante ainsi qu’à l’émergence d’un public consommateur. Avec l’ascension sociale et culturelle de larges pans de la population dans les années 1940 et 1950 – phénomène qui s’est poursuivi, malgré des inflexions, jusqu’au milieu des années 1970 –, l’Argentine a connu alors ce qui peut être considéré comme l’âge d’or des industries culturelles locales, en particulier dans les domaines de l’édition, du cinéma et de la radio(7). Nous reviendrons brièvement ici sur les deux derniers termes.
 
Au début des années 1940, l’Argentine compte un tiers des stations de radio latino-américaines, détient le deuxième plus important réseau radiophonique du monde et figure juste après les États-Unis et la Grande Bretagne en nombre d’auditeurs. La radio connaît un développement que l’on peut qualifier de national, d’une part parce que ce sont des entrepreneurs argentins qui en sont à l’origine(8), d’autre part parce que le réseau de stations couvre l’ensemble du territoire. La radio fait donc partie intégrante de la vie quotidienne de l’ensemble des Argentins à partir du milieu des années 1930(9) et joue un rôle non négligeable d’intégration aussi bien sociale que territoriale(10). Elle devient en outre un outil politique de première importance à partir de 1943, et encore plus en 1946 lorsque Juan Domingo Perón accède à la présidence. De fait, la radio constitue l’un des instruments majeurs de la propagande péroniste.

 
 Juan Domingo Perón

Quant à l’industrie cinématographique argentine, elle connaît une période faste des années 1930 au milieu des années 1950. En 1942, 52 longs métrages ont été réalisés en Argentine, pays qui comptait alors une trentaine de studios, principalement installés à Buenos Aires et employant près de 4 000 personnes. Si, à l’instar des autres industries culturelles, l’industrie cinématographique argentine a pu souffrir des difficultés économiques, politiques et sociales ayant affecté le pays, elle a néanmoins bénéficié d’une législation favorable, lui octroyant notamment des subsides publics. Cet état de fait a permis que la production nationale atteigne, entre 1933 et 2004, une moyenne annuelle de 31 films. Ce dynamisme est sérieusement entravé, de la fin des années 1980 à 1994, par la crise économique et sociale de grande ampleur que traverse alors l’Argentine.
 
Deux ruptures successives peuvent être identifiées. La première est d’ordre politique, avec la dictature militaire (1976-1983). La radio, la presse, la télévision étaient déjà devenues, après la chute de Perón en 1955, des enjeux stratégiques entre les différentes forces politiques de l’époque. Après le coup d’État de 1976 et la proclamation de la « Doctrine de sécurité nationale », c’est en termes de contrôle et de censure que sont envisagés les moyens de communication. Ainsi, de nombreuses radios privées et publiques sont démantelées et, en 1978, le Comité fédéral de radiodiffusion (COMFER) fixait par résolution les normes auxquelles devaient se soumettre la radio et la télévision. De nombreux emplois sont détruits à la suite de cette politique.
 
La deuxième rupture correspond aux années 1990, pendant lesquelles l’État, au nom du credo néo-libéral, a largement réduit son rôle dans l’économie et favorisé la privatisation. Il en est ainsi dans le secteur de la radiodiffusion vis-à-vis duquel le gouvernement de Carlos Menem (1989-1999) encourage la cré ation de conglomérats multimédias et la présence de capitaux étrangers dans ces derniers(11). En à peine trois ans, seules trois stations de la Province de Buenos Aires ont pu maintenir leur autonomie par rapport aux autres médias ; les autres sont devenues partie intégrante de groupes qui détenaient par ailleurs des chaînes de télévision et/ou des publications périodiques et dont le capital était de plus en plus dépendant d’investissements étrangers(12).

Industries culturelles et agenda politique au début du XXIe siècle

À l’aube du XXIe siècle des voix de plus en plus nombreuses se sont élevées à l’encontre de cette politique de libéralisation, posant de manière insistante la question des relations entre État et culture.
 
La crise économique et politique que traverse l’Argentine en 2001, mais aussi l’émergence du concept de « diversité culturelle » dans l’agenda international, ont été des facteurs déterminants dans la mobilisation tant des acteurs des industries culturelles que des pouvoirs publics argentins pour que ce secteur soit l’objet d’une attention réelle.
 
Cela s’est d’abord traduit par la naissance, en 2002, du Forum pour la défense des industries culturelles, formée par des syndicats mais aussi par des entrepreneurs indépendants(13). Cette initiative est appuyée par le sous-secrétariat chargé des Industries culturelles du gouvernement de la ville de Buenos Aires, qui organise par la suite plusieurs rencontres internationales sur ce thème. Ainsi, en septembre 2005, les Troisièmes Rencontres internationales sur la diversité culturelle a lieu à Buenos Aires(14). Dans les deux cas, les débats sont marqués par le principe selon lequel les biens et services culturels ne sauraient être considérés uniquement à l’aune de leur valeur marchande et par l’affirmation de la nécessité de préserver la pluralité des expressions culturelles, tant à l’échelle des États-nations qu’au niveau mondial. Les Rencontres de Buenos Aires aboutissent ainsi à une déclaration appuyant le projet de Convention internationale pour la Protection et la ¨Promotion des expressions culturelles qui a été adopté en octobre 2005 par la 33e Conférence générale de l’Unesco. Dans cette optique, le droit des États à mener des politiques destinées à favoriser et renforcer la création et la production culturelles nationales est réaffirmé.
 
Auparavant, plusieurs lois allant dans ce sens avaient été adoptées en Argentine. La première est votée en juin 2001 – la loi 25.446 sur la promotion du livre et de la lecture – et définit une politique ambitieuse qui reconnaît l’importance du livre et de la lecture pour la société, notamment en renforçant le secteur de l’édition et en multipliant les dispositions visant à rendre le livre accessible à l’ensemble de la population. À cette fin, un Fonds national de promotion du livre et de la lecture est créé pour financer les projets, programmes et actions dans ce sens (art. 9). Cette loi a été complétée par un deuxième texte – la loi 25.542 – qui garantit l’uniformisation du prix des livres à l’échelle du pays et qui doit permettre à des organismes publics, comme le ministère de l’Éducation ou la Conabip (Commission nationale des bibliothèques populaires),  de bénéficier de réductions pour les achats de livres.
 
La deuxième loi importante pour le secteur constitue une réponse à la situation économique du pays, marquée par un fort endettement extérieur. Votée en juin 2003, la loi 25.750 sur la préservation des biens et des patrimoines culturels vise à protéger le secteur des industries culturelles dans cette conjoncture particulière. Elle concerne notamment les entreprises de moyens de communication qui s’étaient endettées en dollars et avaient vu leur dette multipliée par trois. Il s’agit de limiter la participation dans les médias argentins d’entreprises ou de capital étranger, ce qui constitue une rupture par rapport à la politique menée dans les années 1990 de large ouverture au capital étranger. Cependant, la portée de cette loi a été limitée par le fait qu’aucun organisme n’a été mis en place pour en contrôler l’application. Comme l’écrit Gustavo López :

« En définitive, la loi de préservation des biens et patrimoines Culturels a été votée et appliquée dans l’urgence, pour éviter la transnationalisation du capital dans les entreprises de presse notamment, mais le législateur a perdu une opportunité qui lui aurait permis d’établir un cadre réglementaire, démocratique, qui puisse s’ajuster aux principes constitutionnels en vigueur.(15) »
 
Nous avons mentionné plus haut l’existence d’un certain nombre d’organismes officiels dédiés à ce secteur. Leur but est non seulement de procéder à la collecte d’informations et de données sur les industries culturelles, mais aussi de mettre à la disposition des petites et moyennes entreprises du secteur un certain nombre d’outils qu’ils peuvent mobiliser. Il s’agit d’une part de rendre facilement accessibles des informations de type statistique, législatif et institutionnel, et d’autre part de l’organisation de formations et de séminaires destinés aux professionnels de ce secteur. Le site du Laboratoire des industries culturelles du secrétariat à la Culture de la Nation propose ainsi une section appelée « caisse à outils » destinée à ces entreprises.
 Consolider et soutenir l’entrepreneuriat argentin dans le domaine culturel apparaît nécessaire afin que la population de ce pays ne se transforme pas en consommatrice passive de biens conçus et produits ailleurs. 
L’attention portée à ces dernières est à mettre en relation avec la volonté de protéger le tissu économique argentin, d’éviter que le secteur soit entièrement dominé par de grandes entreprises étrangères. Autant qu’une préoccupation économique, cette position traduit une préoccupation, qui n’est pas spécifique à l’Argentine : en tant que productrices de biens symboliques, les industries culturelles sont de plus en plus perçues comme des actrices essentielles dans l’existence et l’affirmation de l’identité d’une nation. Consolider et soutenir l’entrepreneuriat argentin dans le domaine culturel apparaît nécessaire afin que la population de ce pays ne se transforme pas en consommatrice passive de biens conçus et produits ailleurs. On retrouve là l’idée que « […] la culture, qui constitue souvent l’un des fondements des identités nationales, porte aussi en elle-même des éléments de désagrégation de ces identités, tant elle est travaillée désormais par des ferments transnationaux.(16) ». Le texte présentant la « caisse à outils » du Laboratoire des Industries Culturelles est à cet égard révélateur, débutant de la sorte :

« Il existe un grand nombre d’entrepreneurs culturels, petits et moyens, dispersés à travers tout le pays, faiblement connectés les uns aux autres et ne disposant que d’un faible appui officiel. Pourtant, ces entrepreneurs représentent les manifestations les plus authentiques de la diversité culturelle argentine. »
 
À l’inverse des grandes entreprises transnationales ou des groupes multimédias, les petites et moyennes entreprises sont présentées comme le moyen de garantir les trois principes qui doivent guider, selon les pouvoirs publics, toute politique en matière culturelle : « développement, diversité et fédéralisme »(17).

L’édition, un secteur témoin

Le secteur éditorial offre une bonne synthèse des évolutions et des difficultés rencontrées par les industries culturelles argentines. L’Argentine a été, historiquement, l’un des pôles majeurs du marché éditorial en langue espagnole. Entre les années 1930 et 1960, la quantité de titres publiés a ainsi été multipliée par cinq et le volume des tirages par dix. Selon Octavio Getino, cette augmentation est à mettre autant sur le compte des politiques d’alphabétisation que des mesures visant au développement industriel national, dans le cadre d’une politique de substitution des importations. Par ailleurs, la presse a joué un rôle important, offrant dès la fin du XIXe siècle un espace important aux écrivains argentins et permettant à ces derniers de toucher un public relativement large. Enfin, jusqu’aux années 1970, on observe une élévation quasi-constante du niveau de vie, ce qui a permis la consolidation d’un marché domestique solide.
 
Néanmoins, à partir du milieu des années 1970, l’industrie éditoriale argentine perd de sa capacité exportatrice, face à des pays de plus en plus présents sur le marché ibéro-américain, comme l’Espagne et le Mexique. Ce secteur a souffert, dans les années 1980, d’un retard technologique important, du fait des charges très élevées qui pesaient sur l’importation de matériel d’impression. La parité dollar/peso, en renforçant les coûts de main-d’œuvre, ont amoindri la compétitivité de l’industrie argentine face à des pays comme l’Espagne, le Mexique, le Brésil ou le Chili.
 
Par ailleurs, l’édition cesse peu à peu d’être une affaire familiale ou en lien avec des personnalités reconnues à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières. Le secteur éditorial est assez emblématique du processus de libéralisation et de concentration qui a eu lieu dans les années 1990.
 Le secteur éditorial est assez emblématique du processus de libéralisation et de concentration qui a eu lieu dans les années 1990. 
À la fin de cette décennie, 20 maisons d’éditions dominaient le marché et aucune d’elles ne relevait d’un capital local. Des maisons historiques comme Claridad, Emecé, Losada, Peuser et Sudamericana ont ainsi disparu ou ont été rachetées par des groupes étrangers(18).
 
Au cours des dix dernières années, le nombre de titres parus est passé de 9 433 à 22 598 et celui des exemplaires imprimés de 39 à 60 millions par an. La production a connu une baisse entre 2001 et 2004, en raison de la crise économique, et a repris à partir de 2005(19). En ce qui concerne la balance commerciale, la politique en matière de change est déterminante. Tant que la convertibilité entre le dollar et le peso argentin a été maintenue, la valeur des importations représentait trois fois celle des exportations de livres, dans la mesure où cela revenait moins cher de produire à l’extérieur(20). Le changement de valeur du dollar par rapport au peso et la dévaluation de ce dernier ont permis à la fois de réduire ce déséquilibre(21) et d’augmenter la production dans le pays. Malgré cette embellie, le secteur reste très fragile en raison d’un marché national qui est loin de connaître aujourd’hui le dynamisme qui avait été le sien jusqu’aux années 1970.
 
Si la situation actuelle des industries culturelles en Argentine relève de facteurs propres à ce pays, il convient d’insister sur le fait qu’elle s’apparente à celle de nombreuses autres nations, notamment sud-américaines. On y observe en effet un processus qui ne se limite pas à l’Argentine et qui a été caractérisé par une dynamique de concentration aussi bien verticale qu’horizontale sans que les pouvoirs publics n’interviennent pour garantir un certain équilibre, la protection d’acteurs fragiles mais indispensables pour assurer une pluralité en termes de création et de diffusion de biens culturels. Depuis une dizaine d’années, ce type de position est remis en cause aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières nationales. Autant les pouvoirs publics qu’un certain nombre de professionnels des industries culturelles souhaitent freiner cette tendance, au nom d’impératifs relevant de considérations tout à la fois économiques et identitaires, sociales et symboliques. Malgré la mise en place d’organismes publics dédiés à l’étude et à l’analyse de ces questions, ainsi que l’œuvre entreprise par le législateur pour réguler et protéger la production de biens culturels, de nombreuses difficultés entravent la formulation  de politiques publiques efficientes. Bien qu’ayant surmonté plus rapidement que prévu la déflagration provoquée par la crise de 2001, l’Argentine demeure en effet dans une situation économique et sociale marquée par l’incertitude. L’inflation croissante observée depuis trois ans, fragilisant une classe moyenne qui commençait tout juste à retrouver un pouvoir d’achat correct, n’est à cet égard qu’un symptôme parmi d’autres. Or la consolidation du marché national apparaît comme un préalable nécessaire pour garantir un avenir à ces petits et moyens entrepreneurs présentés comme nécessaires pour assurer le maintien et le développement d’une production culturelle argentine dynamique et susceptible de tenir sa place au niveau mondial.


--

Crédits photos :
- Image principale : Librairie El Ateneo à Buenos Aires (Nico Kaiser / Flickr)
- Juan Domingo Peron (Galaxy fm / Flickr)

(1)

Nous entendrons ici par industries culturelles les secteurs qui conjuguent la création, la production et la commercialisation de biens et de services basés sur des contenus de type culturel, généralement protégés par le droit d’auteur. 

(2)

D’après les chiffres rassemblés par l’Unesco, les industries culturelles représentent 3,4 % du PIB mondial (en 2007) et 4,5 % à l’échelle du MERCOSUR.  

(3)

Chiffres donnés par Gustavo LÓPEZ, Las industrias culturales en la legislación argentina, Buenos Aires, Ediciones del Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini / Editorial de la Universidad Nacional de Quilmes, 2009, p. 35. 

(4)

Le Fondo Nacional de las Artes, placé sous la dépendance du secrétariat à la Culture, a été créé en 1958 dans l’objectif d’instituer un système financier pour appuyer et promouvoir les activités artistiques, littéraires et culturelles à travers le pays.  

(5)

Née en janvier 1970, le Convenio Andrés Bello est une organisation intergouvernementale œuvrant pour la coopération ibéro-américaine dans les domaines de l’éducation, des sciences et de la culture. Les membres sont alors la Bolivie, le Chili, la Colombie, Cuba, l’Équateur, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou, le Venezuela et l’Espagne. L’Argentine en fait partie depuis 2007.  

(6)

teLe Fondo Nacional de las Artes, placé sous la dépendance du secrétariat à la Culture, a été créé en 1958 dans l’objectif d’instituer un système financier pour appuyer et promouvoir les activités artistiques, littéraires et culturelles à travers le pays.  

(7)

Stella Puente, Industrias culturales y políticas de Estado, Buenos Aires, Prometeo Libros, 2007, p. 40. 

(8)

Robert H. Claxton, From Parsifal to Perón : early radio in Argentina, 1920-1944, Gainesville, University Press of Florida, 2007.  

(9)

Andrea Matallana, « Locos por el radio ». Una historia social de la radiofonía en la Argentina, 1923-1967, Buenos Aires, Prometeo Libros, 2006.  

(10)

Octavio Getino, El capital de la cultura. Las industrias culturales en la Argentina, Buenos Aires, Ediciones Ciccus, 2008, p. 180-183.  

(11)

Le gouvernement favorise en particulier les investissements en provenance des États-Unis par le biais d’une loi promulguée en 1992.  

(12)

Octavio Getino, op. cit., p. 195-197.  

(13)

En font notamment partie la COSITMECOS (Confédération syndicale des travailleurs des moyens de communication sociale), la Chambre des entrepreneurs de théâtre, la chambre Argentine des producteurs indépendants de télévision. 

(14)

Dans le cadre de ces rencontres, a notamment eu lieu la VIIe assemblée générale des Coalitions pour la Diversité Culturelle.  

(15)

Gustavo López, Las industrias culturales en la legislación argentina, Buenos Aires, Ediciones del Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini / Editorial de la Universidad Nacional de Quilmes, 2009, p. 55. Sur cette question, voir également Guillermo Mastrini (ed.), Mucho ruido, pocas leyes. Economía y políticas de comunicación en la Argentina (1920-2004), Buenos Aires, La Crujía Ediciones, 2005.  

(16)

Jean-François Sirinelli, dans la préface à Denis Rolland, (dir.), Histoire culturelle des relations internationales  : carrefour méthodologique, XXème siècle, Paris, L’Harmattan, 2004.  

(17)

Ibid.  

(18)

Emecé a par exemple été rachetée par le groupe espagnol Planeta et Sudamericana par le groupe allemand Bertelsman. Voir à ce sujet Industrias culturales. Mercado y políticas públicas en Argentina, Buenos Aires, Ed. Ciccus, 2003, p. 76-77.  

(19)

Chiffres donnés par Gustavo López, op. cit., p. 36.  

(20)

En 2000, par exemple, le montant des importations s’élevait à 135 682 855 dollars, contre 49 0551 898 pour les exportations.  

(21)

En 2006, le montant des importations s’élevait à 71 359 091 dollars, contre 46 741 523 pour les exportations. Chiffres donnés par Gustavo Lopez, op. cit., p. 37.  

Ne passez pas à côté de nos analyses

Pour ne rien rater de l’analyse des médias par nos experts,
abonnez-vous gratuitement aux alertes La Revue des médias.

Retrouvez-nous sur vos réseaux sociaux favoris