Municipales 2020 : France 3 Pays-de-la-Loire interroge les maires sortants sur leur bilan tout en parcourant la ville

La journaliste Virginie Charbonneau interroge le maire sortant d'Angers, Christophe Béchu dans un tramway pour France 3 Pays-de-la-Loire.

© Crédits photo : Capture d'écran : France 3 Pays-de-la-Loire

Des maires sortants interrogés sur leur bilan dans les rues de leur ville

À quelques mois des élections municipales, La Revue des médias se penche sur les initiatives mises en place par les médias pour couvrir le sujet. Dans ce premier épisode, une journaliste de France 3 Pays-de-la-Loire explique comment la chaîne a rencontré, le temps d’une promenade de trente minutes, les cinq maires sortants des plus grandes villes de la région.

Temps de lecture : 5 min

C’est sur les hauteurs de Nantes, sur la butte Sainte-Anne, que s’est ouvert, le 6 octobre, la première émission spéciale du rendez-vous hebdomadaire, Dimanche en politique. Face à la Loire, la journaliste Virginie Charbonneau entame avec la maire sortante de Nantes, Johanna Rolland (PS), une interview d’une demi-heure, rythmée par un tour dans la ville, à pied, en transports en commun et en voiture.

Entre début octobre et mi-décembre, les maires sortants des cinq chefs-lieux de la région  ont cheminé dans les rues de la ville où ils ont été élus : Nantes, Laval, Angers, La Roche-sur-Yon et Le Mans. Devant les caméras de France 3 Pays-de-la-Loire, les édiles ont répondu tour à tour aux questions de la journaliste et aux interpellations des citoyens. Un concept que Virginie Charbonneau portait depuis deux ans, et rendu possible par l’approche des élections municipales.

« Il est important de quitter un peu les studios, d'aller au contact de la population »

L’objectif ? Réaliser une émission politique dynamique afin de se rapprocher des téléspectateurs. « Il est important de quitter un peu les studios, d’aller au contact de la population. Nous voulions confronter les maires aux problématiques de transports, de déplacements et les placer à hauteur d’usagers, d’électeurs, d’automobilistes. Voilà pourquoi nous nous sommes immergés dans la ville pour la totalité de l’émission », explique la journaliste, qui affirme avoir reçu des retours positifs de la part des téléspectateurs.

Pour chacune des émissions spéciales, la même formule est déclinée. D’abord, une introduction dans un lieu que le ou la maire a choisi pour son attachement et/ou sa symbolique, à l’image de la butte Sainte-Anne pour Johanna Rolland ou de la promenade du Bout-du-Monde pour Christophe Béchu (ex-Les Républicains), le maire d’Angers. Ensuite, une déambulation dans la ville et un arrêt dans un lieu qui incarne une mesure phare ou une problématique particulière. Sur l’esplanade de la mairie de Laval, le maire sortant François Zocchetto(1) (UDI) répond ainsi aux questions de Virginie Charbonneau à propos de la construction future d’une halle commerciale.

Puis, viennent sans ordre défini un passage dans les transports en commun, où les maires répondent aux interpellations des voyageurs, et un tour en voiture dans les rues de la ville. « La place des véhicules est une question que se posent toutes les villes. À la Roche-sur-Yon, les embouteillages représentent un problème important et monter dans une voiture à une heure de pointe permet de s’en rendre compte de l’intérieur », souligne Virginie Charbonneau. Enfin, l’émission se clôt par une analyse plus politique, apportée par un politologue ou un journaliste.

Quatre heures de tournage et sept personnes mobilisées

Enchaînement des déplacements, parole donnée aux citoyens, voyage dans les transports en commun : les contraintes techniques et logistiques sont plus nombreuses qu’en studio. L’émission représente un projet conséquent pour la rédaction de France 3 Pays-de-la-Loire et mobilise une équipe de sept personnes à chaque épisode (un réalisateur, un script, deux cadreurs, un chargé de production, un preneur de son et la journaliste).

Dans la rue et les transports en commun, les passagers sont interrogés au hasard, obligeant l’équipe à une capacité d’adaptation rapide. La durée restituée des échanges n’excède pas plus d’une minute trente. « Nous aurions aimé davantage de paroles d’habitants, davantage de déplacements, mais c’est déjà assez lourd… », commente Virginie Charbonneau.

Pour le tournage,  un créneau de quatre heures doit également être trouvé dans l’agenda des maires. « Nous avons bloqué un créneau avec eux dès les mois de mai et juin, et l’ordre de tournage dans les villes a été établi en fonction de leur disponibilité », confie la journaliste. Tous les tournages se sont déroulés entre octobre et décembre pour être diffusés quelques jours après.

Du temps de parole offert aux maires sortants ?

Entre la première diffusion du 6 octobre et la dernière, deux mois plus tard, les cinq émissions ne sont pas diffusées de manière régulière — un rythme fixe aurait été trop lourd à suivre. La date de diffusion de la dernière édition spéciale, le 15 décembre, a toutefois été minutieusement fixée : « Ces émissions ne rentrent pas dans le temps de parole de la campagne électorale, il fallait finir avant que le calcul ne commence. »

« Ces émissions ne rentrent pas dans le temps de parole de la campagne électorale »

Ces émissions ne rentrent en effet pas dans le calcul du temps de parole des candidats que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) fixe à six semaines avant le premier scrutin — soit, dans le cas des élections municipales de 2020, le 3 février. Pour autant, ce programme ne joue-t-il pas en faveur de l’élu sortant par rapport aux autres candidats ?

« Nous nous sommes posés la question, mais à ce compte-là, nous ne faisons plus rien avec un maire sortant durant l’année qui précède le mandat ! Nous ne déroulons pas ce que le maire a fait de bien ou de mal, nous l’interrogeons sur ce qui nous interpelle ! », rétorque la journaliste, non sans rappeler qu’elle a emmené Johanna Rolland dans le quartier Bellevue pour la confronter aux problèmes de sécurité.

« Nous n'aurions pas pu faire cette émission en janvier ou en février »

De surcroit, « nous ne sommes pas dans le dur de la campagne où les programmes et les propositions des uns et des autres sont confrontés. Voilà pourquoi nous faisons cette émission maintenant et pas en janvier ou en février », complète-t-elle, avant d’ajouter que certains candidats opposants ne se sont pas encore déclarés. Les propositions des maires sortants pour les municipales sont tout de même évoquées dans l’émission et Virginie Charbonneau reconnaît que de telles émissions servent les maires sortants. « La plupart ont d’ailleurs été très partants et se sont vite rendus compte que c’était intéressant pour eux. Cela leur permet de dérouler leur bilan, de montrer qu’ils sont proches des gens », admet-elle.

Quant aux opposants, les épisodes leur laissent une petite place par le biais de l’écran d’une tablette, à travers lequel ils posent une question au maire sortant. Certains d’entre eux se sont parfois interrogés sur le format de l’émission, relate Virginie Charbonneau. « Ils étaient parfois un peu étonnés en découvrant que nous consacrions des émissions spéciales aux maires sortants. Je leur ai expliqué que, quoi qu’on en dise, celui ou celle qui est maire depuis cinq ans et demi est comptable d’un bilan, positif ou négatif. »

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