Pourquoi les communautés de fans ont-elles besoin de se donner un nom ?

Pourquoi les communautés de fans ont-elles besoin de se donner un nom ?

Le choix du nom d’une communauté de fans est un acte loin d’être anodin. Il renseigne sur les façons de se construire à l’heure des identités choisies et des outils numériques qui bouleversent le rapport de chacun avec ses pairs mais aussi avec les industries.

Temps de lecture : 9 min

Potterheads, Trekkies, Tolkiendils… Anciens ou récents, concernant la littérature, les séries télévisées, le cinéma ou autres univers de fiction, les noms de communautés de fans (fandoms) ne manquent pas. Ce phénomène est devenu systématique et très peu de succès populaires échappent aujourd’hui à une telle dénomination pour désigner ses passionnés.
 
Commençons par un exemple qui permet d’en saisir les enjeux. En juin 2011, soit plus d’un an avant la sortie du premier film adapté de la saga littéraire, le problème du choix d’un nom se pose pour de nombreux fans de Hunger Games. Durant cette période, de nombreux médias commencent à annoncer le futur premier film adapté de la saga dystopique de Suzanne Collins et à évoquer l’importance du phénomène. C’est ainsi que le terme Jabberjays (qui désigne dans l’œuvre un oiseau servant de dispositif d’espionnage)est utilisé pour désigner les fans de l’œuvre dans un texte publié le 9 juin 2011 sur le site de la chaîne de télévision E !.
 
Le jour-même, des fans réagissent de manière négative à cette dénomination sur des forums, le Wiki de la saga, ainsi que sur Facebook et Twitter. Sur la page Facebook officielle de la saga, les producteurs décident très vite de réagir devant l’ampleur de la fronde et de lancer, dès le lendemain, un débat sur le sujet. Le message en question reçoit plus de huit cents réponses contenant des propositions très variées (Mockingjays, Mockingeeks, The Hunger Gamers, Tributes, etc.). Certains décident alors de prendre les choses en main et de mettre en place un processus démocratique afin de choisir cette dénomination collectivement. Les administrateurs de Down with the Capitol, l’un des principaux sites de fans de l’univers, décident alors de lancer un sondage accompagné d’un texte de l’un d’eux expliquant qu’il n’est « pas fou du fait que les médias aient le dernier mot sur comment est nommé notre fandom ». Le terme Tributes qui, qui se dégage alors nettement, est adopté à la fin du mois de juin 2011 et continue d’être utilisé aujourd’hui.
 
Cet exemple est représentatif de l’émulation et des tensions qui entourent la thématique du nom des groupes de fans et met en lumière l’ensemble vaste des acteurs qui entourent le phénomène. Il contient à lui seul tous les points qui seront abordés ici autour de la question centrale : quel est le rôle des noms de fandoms dans la construction sociale et l’existence de ces communautés ? Bref, à quoi servent les noms des communautés de fans ?

Nommer la communauté pour la faire exister

On peut se demander pour commencer comment considérer comme un tout l’entité si fragile et au lien si ténu qu’est un fandom ? Cette question est en partie résolue lorsque l’on prend en compte la part réflexive de tout public dont l’« existence passe par une capacité à s’auto-imaginer, par des modes de représentations du collectif, par des ratifications de l’appartenance », selon les mots de Daniel Dayan. Ainsi, se dire fan n’est pas une constatation mais une revendication réflexive qui engage l’individu dans un certain type de rapport à soi-même et aux autres en tant que public spécifique.
 
On comprend alors pourquoi, malgré leur opposition à certains discours des médias, le fait d’être considérés par ceux-ci comme un groupe uni est probablement ce qui pose le moins de problèmes aux fans dans la polémique évoquée. Les Tributes refusent ainsi que les médias leur donnent un nom mais ne refusent pas que ceux-ci les considèrent comme un tout. Supposer une unicité même minimale du groupe est nécessaire afin de se construire, justement parce qu’il est aisé de considérer que cette communauté n’en est pas une.
 
On comprend aussi que toute forme de ratification soit bonne à prendre. Il s’agit en permanence d’élaborer des stratégies qui attestent de la réalité du fandom. L’évidence de l’existence du groupe qui est porté par les fans est à considérer comme la trace d’un processus de mise en visibilité et en existence de la communauté, et le nom comme la volonté de figer ce processus.
 
Le nom représente alors le groupe, il incarne le collectif, et l’image que celui-ci souhaite renvoyer. En tant qu’outil de communication, il porte avec lui un ensemble de significations qui renseignent autrui sur le groupe, à commencer par le fait qu’il existe. Utiliser un nom de fandom participe d’un double mouvement : se sentir fan de manière accomplie en portant et revendiquant un nom qui nous inscrit dans une communauté et dans le même temps attester de l’existence de cette communauté par le simple fait d’affirmer son affiliation. Dire « je suis X-phile », c’est dire « je suis fan d’X-files », mais aussi « je ne suis pas seul », c’est mettre en permanence la sociabilité au cœur de l’affirmation et évacuer de cette manière en partie la stigmatisation associée à l’attitude fan.

Nommer pour se singulariser

Nommer permet aussi de discriminer ce qui en sont et ceux qui n’en sont pas et implique alors de se servir du nom comme un moyen de stabiliser les contours d’un collectif. Pour les Tributes, il ne s’agissait de les définir de manière autonome en dehors de ce que pouvaient en dire les médias vus comme une altérité. Nommer le collectif, et soi-même comme membre de celui-ci, participe alors d’une tension entre producteurs et public, permet de situer les contours du collectif, et de choisir ce que veut dire « en être ». Le nom peut ainsi être un symbole d’un ensemble de traits et de valeurs partagées.
 

C’est le cas par exemple pour les Bronies, les fans adultes de la série animée My Little Pony étudiés par Marion Nollet. Cette série créée en 2010 met en scène les aventures d’une licorne dans un univers fictionnel peuplé d’équidés parlants. La cible première de cette fiction est clairement un public très jeune, ce qu’indiquent par exemple les chaînes de diffusion (The Hub aux États-Unis et Gulli en France). Pourtant, sur internet et en particulier sur les réseaux sociaux, un grand nombre d’adultes ont très vite commencé à se revendiquer comme fans. Et l’auteure note que c’est le fait de donner un nom au fandom qui a largement contribué à lui donner forme, « si le verbe est le commencement, alors en la nommant, elle existe aux yeux de ses membres ». Selon Marion Nollet, si cette étape était importante, c’est parce qu’un autre public était visé et qu’une appropriation non prévue implique un collectif de spectateur qui n’est pas visible et qui a besoin d’être nommé pour être vu et entendu.
 
Les Bronies ont par exemple mis en avant dans leurs discussions certains personnages secondaires peu populaires chez les enfants et développé un ensemble de rituels et de manières de lire la série qui les distingue du public enfant. Cela a provoqué « une tension sous-jacente (…) chez ces fans adultes qui s’attendent à un produit correspondant à leurs attentes alors qu’ils n’en étaient pas les cibles »(1). Comme pour les Tributes, c’est de cette tension, ainsi que de la relation à trois entre fans, producteurs et grand public, que naît le nom : il s’agissait ici de demander plus d’attentions de la part des producteurs.
 
Les fans développent ce que Dick Hebdige(2) nomme un style sous-culturel : la forme expressive et partagée de l’identité qui devient un ensemble de symboles incorporés et revendiqués attestant de l’existence du groupe et servent à communiquer les traces de celle-ci. Chaque communauté de fans devenant sous-culture se doit d’avoir un nom pour souligner à la fois la transversalité du goût, mais aussi pour que celui-ci soit investi de ce qu’être fan veut dire.
 
Ainsi, les fans de l’univers transmédiatique Star Trek, souvent confrontés à des critiques très péjoratives sur leur obsession, ont, dans les années 1970, rejeté le nom Trekkies, utilisé par moquerie, pour adopter celui de Trekkers qui ne porte pas ce halo de représentations négatives. Le nom comme auto-catégorisation est à la fois un enjeu pour l’existence du groupe et un moyen de rejeter ce que n’est pas ce groupe, d’amorcer un travail de conquête de la reconnaissance.

Un outil de mobilisation et de présentation de soi en ligne

Tout comme le sentiment d’identité nationale partagé par des individus qui ne sont pas tous en contact est lié à la constitution d’un imaginaire social, c’est souvent en se revendiquant d’une forme métaphorisée de territoire ou de peuple que les fans décrivent le collectif. Il s’agit du second grand type de nom après le fait de jouer sur le titre de la fiction elle-même. Le premier type est le plus répandu, on le retrouve par exemple pour les fans de la série Glee (Gleeks), de Sherlock Homes (Sherlokians), du jeu vidéo Minecraft (Minecrafters). Mais lorsque le titre ne se prête pas à un jeu de mots ou à une extension à la sonorité agréable, c’est le second qui entre en scène. Dans l’exemple introductif, le terme Tributes désigne les fans mais aussi une catégorie de population au sein de la diégèse fictionnelle.
 
La comparaison avec une véritable nation trouve cependant rapidement ses limites car il s’agit d’une identité collective qui est choisie, adoptée et non pas assignée. En ce sens, les fans incarnent une évolution des sociétés contemporaines, une nouvelle forme de l’individualité dans laquelle « l’identité personnelle devient le résultat d’un projet réflexif ». Les cultures fans constituent ainsi l’un des exemples typiques du« passage dans nos sociétés des identités prescrites aux identités choisies ».
 
Cette évolution est d’autant plus visible sur internet, où ces communautés imaginées deviennent des communautés virtuelles qui naissent des interactions entre les fans dans des environnements numériques. Le signe de ralliement et l’acte de naissance d’une communauté de fan est donc le fait de laisser des traces numériques de son existence, à commencer par la manière dont on la désigne. C’est ce qui s’est passé pour les fans de Hunger Games, mais aussi pour ceux de My Little Pony. C’est en ligne que tout ou presque s’est joué car il s’agit d’un espace où tout ne tient que par l’engagement des individus à maintenir un lien choisi.
 
En particulier, la réunion des individus sous une même bannière autour de sites, de forums, et via les réseaux sociaux avec l’outil transversal du nom, permet d’avoir une voix. C’est la raison pour laquelle le moment de l’émergence du nom est souvent corrélé à un moment où la nécessité d’une mobilisation se fait sentir.
 
C’est le cas pour les Browncoats, fans de l’éphémère série Firefly (2002) de l’auteur culte Joss Whedon. Là aussi, le nom renvoie à une population au sein de la diégèse puisque Browncoats désigne le camp des perdants dans une guerre civile interplanétaire. Le parallèle entre le traumatisme de la défaite chez les personnages et la volonté des fans de lutter contre les producteurs pour que la série revienne est clairement revendiqué. C’est autour de la lutte et du nom Browncoat qu’a émergé le sentiment de faire partie d’une communauté. Une fois le groupe nommé et le but clairement défini, il était possible de créer des sites collectifs, de proposer une pétition, de se donner des rendez-vous, de montrer de manière générale que cette communauté est vivante et de médiatiser le combat. Être fan de Firefly c’est être Browncoat, mais comme le dit ce fan « un fan peut être passif, un Browncoat ne l’est jamais »(3). Là encore, le nom incarne la communauté mais aussi sa manière d’être, et un destin commun.
 
Et dans le cas de Firefly, comme dans d’autres, cette mobilisation a payé. En effet, après les ventes impressionnantes et rapides des DVD de sa seule et courte saison, les droits de la série ont été rachetés par la major Universal pour lancer la production d’un film, nommé Serenity (2005), concluant les aventures des héros. De plus, l’univers continue à ce jour à être développé sous la forme de divers comics. Une victoire pour des fans très actifs.
 
Les identités de fans, réflexives et revendiquées s’incarnent donc en ligne par leurs formes expressives et participatives. Il s’agit de se faire entendre dans des moments de crises, et ensuite de pouvoir s'affirmer dans un espace où la présentation de soi que l’on a décidé d’adopter est un repère pour les autres. Que ce soit sur Facebook, Twitter, les blogs ou autres forums, il s’agit toujours de se présenter via un profil, un espace qui permet de nous identifier en fonction des traces que l’on a souhaité laisser.
 
On peut choisir de ne pas y divulguer certaines informations et de mettre en avant celles que l’on juge pertinentes. Cela implique que, comme le note Jean-François Marcotte, « dans cet exercice l’individu est appelé à une confrontation avec sa propre identité, il est obligé de se percevoir en extériorité à elle-même ». Et il est plus direct de résumer ses goûts en écrivant « je suis Whovian », plutôt que « je suis fan de Dr Who ». Cela est un enjeu important à l’heure des hashtags Twitter, c'est-à-dire de l’identité transformée en série de mots clés (tags) aisément identifiables et trouvables à l’aide d’un moteur de recherche. Nombre de profils Twitter, qui se doivent de respecter une limite stricte de caractères, fonctionnent sur ce principe d’égrenage de noms. Citer des noms plutôt que des œuvres permet de mettre en avant le fait qu’il s’agit d’un individu dont il est question et que l’objet n’est qu’un support à l’expression de sa singularité. Les fans ont parfaitement embrassé la mise en information de soi dans leur présentation en ligne : « Je suis une Bro (Pewdiepie) depuis 3 ans, Une Echelon depuis 5 ans, Une Potterhead depuis la sortie du premier livre, Une Whovian depuis deux ans. ». Il suffit de se rendre sur n’importe quel forum de fans pour trouver des listes de ce type, représentatives d’un usage du nom comme manière de se situer par des goûts et des appartenances, favorisée par la culture du profil.
 
Cela nous montre que le nom comme catégorie de perception de soi et du groupe est un élément central du travail réflexif et participatif des fandoms contemporains. De plus, il représente une évolution des manières de se construire à l’heure des identités choisies et des outils numériques qui bouleversent le rapport de chacun avec ses pairs mais aussi avec les industries.

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Crédits photos :
- Spock you rules, Mariana Montes de Oca, Flickr, crédit
- BronyCon_20140801_216, BronyCon, Flickr, crédit
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La comparaison avec une véritable nation trouve cependant rapidement ses limites car il s’agit d’une identité collective qui est choisie, adoptée et non pas assignée. En ce sens, les fans incarnent une évolution des sociétés contemporaines, une nouvelle forme de l’individualité dans laquelle « l’identité personnelle devient le résultat d’un projet réflexif ». Les cultures fans constituent ainsi l’un des exemples typiques du « passage dans nos sociétés des identités prescrites aux identités choisies ».

 

Cette évolution est d’autant plus visible sur internet, où ces communautés imaginées deviennent des communautés virtuelles qui naissent des interactions entre les fans dans des environnements numériques. Le signe de ralliement et l’acte de naissance d’une communauté de fan est donc le fait de laisser des traces numériques de son existence, à commencer par la manière dont on la désigne. C’est ce qui s’est passé pour les fans de Hunger Games, mais aussi pour ceux de My Little Pony. C’est en ligne que tout ou presque s’est joué car il s’agit d’un espace où tout ne tient que par l’engagement des individus à maintenir un lien choisi.

 

En particulier, la réunion des individus sous une même bannière autour de sites, de forums, et via les réseaux sociaux avec l’outil transversal du nom, permet d’avoir une voix. C’est la raison pour laquelle le moment de l’émergence du nom est souvent corrélé à un moment où la nécessité d’une mobilisation se fait sentir.

 

C’est le cas pour les Browncoats, fans de l’éphémère série Firefly (2002) de l’auteur culte Joss Whedon. Là aussi, le nom renvoie à une population au sein de la diégèse puisque Browncoats désigne le camp des perdants dans une guerre civile interplanétaire. Le parallèle entre le traumatisme de la défaite chez les personnages et la volonté des fans de lutter contre les producteurs pour que la série revienne est clairement revendiqué. C’est autour de la lutte et du nom Browncoat qu’a émergé le sentiment de faire partie d’une communauté. Une fois le groupe nommé et le but clairement défini, il était possible de créer des sites collectifs, de proposer une pétition, de se donner des rendez-vous, de montrer de manière générale que cette communauté est vivante et de médiatiser le combat. Être fan de Firefly c’est être Browncoat, mais comme le dit ce fan « un fan peut être passif, un Browncoat ne l’est jamais » @Tanya R. COCHRAN, « Browncoats are coming! Firefly Serenity and fan activism », in Rhonda V. WILCOX et Tanya R. COCHRAN (dir.), Investigating Firefly and Serenity: Science Fiction on the Frontier, Londres, I.B. Tauris, 2008, p. 239-250.@. Là encore, le nom incarne la communauté mais aussi sa manière d’être, et un destin commun.

 

Et dans le cas de Firefly, comme dans d’autres, cette mobilisation a payé. En effet, après les ventes impressionnantes et rapides des DVD de sa seule et courte saison, les droits de la série ont été rachetés par la major Universal pour lancer la production d’un film, nommé Serenity (2005), concluant les aventures des héros. De plus, l’univers continue à ce jour à être développé sous la forme de divers comics. Une victoire pour des fans très actifs.

 

Les identités de fans, réflexives et revendiquées s’incarnent donc en ligne par leurs formes expressives et participatives. Il s’agit de se faire entendre dans des moments de crises, et ensuite de pouvoir s'affirmer dans un espace où la présentation de soi que l’on a décidé d’adopter est un repère pour les autres. Que ce soit sur Facebook, Twitter, les blogs ou autres forums, il s’agit toujours de se présenter via un profil, un espace qui permet de nous identifier en fonction des traces que l’on a souhaité laisser.

 

On peut choisir de ne pas y divulguer certaines informations et de mettre en avant celles que l’on juge pertinentes. Cela implique que, comme le note Jean-François Marcotte, « dans cet exercice l’individu est appelé à une confrontation avec sa propre identité, il est obligé de se percevoir en extériorité à elle-même ». Et il est plus direct de résumer ses goûts en écrivant « je suis Whovian », plutôt que « je suis fan de Dr Who ». Cela est un enjeu important à l’heure des hashtags Twitter, c'est-à-dire de l’identité transformée en série de mots clés (tags) aisément identifiables et trouvables à l’aide d’un moteur de recherche. Nombre de profils Twitter, qui se doivent de respecter une limite stricte de caractères, fonctionnent sur ce principe d’égrenage de noms. Citer des noms plutôt que des œuvres permet de mettre en avant le fait qu’il s’agit d’un individu dont il est question et que l’objet n’est qu’un support à l’expression de sa singularité. Les fans ont parfaitement embrassé la mise en information de soi dans leur présentation en ligne : « Je suis une Bro (Pewdiepie) depuis 3 ans, Une Echelon depuis 5 ans, Une Potterhead depuis la sortie du premier livre, Une Whovian depuis deux ans. ». Il suffit de se rendre sur n’importe quel forum de fans pour trouver des listes de ce type, représentatives d’un usage du nom comme manière de se situer par des goûts et des appartenances, favorisée par la culture du profil.

 

Cela nous montre que le nom comme catégorie de perception de soi et du groupe est un élément central du travail réflexif et participatif des fandoms contemporains. De plus, il représente une évolution des manières de se construire à l’heure des identités choisies et des outils numériques qui bouleversent le rapport de chacun avec ses pairs mais aussi avec les industries.

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(1)

Marion Nollet, op. cit. p.56.

(2)

Dick HEBDIGE, Sous-culture, le sens du style, Paris, Zones, 2008. 

(3)

Tanya R. COCHRAN, « Browncoats are coming! Firefly Serenity and fan activism », in Rhonda V. WILCOX et Tanya R. COCHRAN (dir.), Investigating Firefly and Serenity: Science Fiction on the Frontier, Londres, I.B. Tauris, 2008, p. 239-250.

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