La TV en 2017 : les grandes tendances vues par Eric Scherer

La TV en 2017 : les grandes tendances vues par Eric Scherer

Eric Scherer est directeur de la prospective à France Télévisions et anime le site meta-media.fr. Il présente sa vision de l’évolution de la petite lucarne en 2017.

Temps de lecture : 4 min

Quelles vont être les évolutions de la télévision en 2017 ?

Eric Scherer : Tout d’abord, je crois que l’on peut parler de la poursuite de la dissolution du monde de la télévision dans celui, beaucoup plus vaste et plus important, de la vidéo. C’est important parce que si la télévision se dissout dans le monde de la vidéo, elle va devenir toute petite dans quelque chose de très, très grand. Dans ce cadre, on va voir aussi une accélération de la consommation à la demande. On sait qu’aujourd’hui le pourcentage de consommation à la demande par rapport à la consommation linéaire est estimé, si on prend l’ensemble de la consommation vidéo en France, à peu près à 70/30 : 70 % en direct, 30 % en non-linéaire, c’est-à-dire en VoD. Accélération de la demande veut donc dire accélération du streaming, y compris le streaming live, avec un basculement vers mobile qui se confirme. D’ailleurs, je pense aussi que l’on verra la progression des formats longs sur mobile. Un autre élément pourrait être porteur, c’est le développement de l’immersion dans l’image par différents facteurs, à savoir l’essor de l’ultra HD et de la HDR auprès d’un public plus large, et peut-être aussi un début d’adoption par un plus grand nombre, je ne dis pas du grand public, de technologies de réalité virtuelle.
 
Dans les cas plus négatifs pour nous, il y a la tendance à la désaffection des jeunes pour la consommation traditionnelle et en direct de la télévision, y compris du sport. De plus, il est probable qu’il y ait aussi une poursuite du mouvement de rejet de l’intrusion publicitaire. Parce que si la publicité n’est pas pertinente elle va être de plus en plus rejetée, d’autant que l’on peut le faire aujourd’hui. Si les publicitaires se réinventent et proposent des annonces plus pertinentes ils pourront s’en sortir.
 
 
À votre avis, quels programmes les jeunes continueront-ils à regarder à la télévision, si tant est qu’ils continuent à la regarder ?
Eric Scherer : Je pense qu’il y a toujours les séries et les télé-réalités, quand elles sont de qualité, qui peuvent plaire et fédérer. Le sport toujours, mais ce sera à leurs conditions, c’est-à-dire plutôt sur mobile, ou sur ordinateur. Et de l’information, en direct. Je pense que c’est là l’essentiel de ce qu’ils continueront à regarder. Mais ce sera plutôt mobile first et ensuite sur ordinateur.
 
 
Pensez-vous que la télévision pourrait aussi s’exporter sur les réseaux sociaux, notamment via des plateformes comme Facebook Live par exemple ? Si oui, pour quels types de contenus ?
Eric Scherer : Bien sûr, les autres canaux de distribution possibles sont de plus en plus utilisés, y compris en direct sur les réseaux sociaux, puisque c’est là où les jeunes vivent. Cela peut se faire grâce à Facebook, Instagram peut-être, et aussi sur Snapchat demain. Nous faisons déjà du direct sur Facebook Live pour le sport, entre autres au moment des Jeux Olympiques de Rio. Nous l’avons fait aussi pour les grandes émissions politiques pendant les primaires, et nous allons continuer à le faire pour certaines émissions politiques.
  
 
En France, très peu de chaînes proposent des services de vidéo à la demande avec abonnement (SVoD). Cela va-t-il se généraliser en 2017 d’après vous ?
Eric Scherer : À partir du moment où il y aura de plus en plus de consommation à la demande, les contenus qui voudront être payants devront s’adapter à ce mode transactionnel, et donc proposer de la SVoD. Ce développement ne se fera peut-être pas au même prix que coûtait la télévision payante de Canal+, à savoir quarante euros par mois(1) , mais à des prix plus raisonnables. D’ailleurs, France Télévisions proposera une nouvelle plateforme vidéo globale et unique au premier semestre 2017, et peut-être que plus tard, il y aura une possibilité de fonctionner par abonnement.
 France Télévisions proposera une nouvelle plateforme vidéo globale et unique au premier semestre 2017 
 
 
L’élection présidentielle sera assurément un enjeu important pour la télévision. Va-t-on assister à une nouvelle façon de mettre la politique en spectacle, ou restera-t-on sur des formats assez traditionnels ?
 
Eric Scherer : Je pense que l’on aura un mélange des deux : à la fois des formes traditionnelles qu’on connaît,  avec notamment des émissions politiques qui ont été renouvelées ou sont en train de l’être, et des projets plus innovants, qui embarqueront des technologies novatrices pour raconter et expliquer cette histoire de manière différente. Nous y travaillons à France Télévisions.
 
 
Pour ce qui est de l’immersion dans l’image, et notamment de la réalité virtuelle, vous travaillez à des projets particuliers ?
Eric Scherer : J’ai à développer plusieurs projets sur la réalité virtuelle qui concerneront l’antenne, certaines émissions ou certains genres d’antennes…
 
 
L’utilisation des données pour les besoins de la publicité va-t-elle s’intensifier ?
Eric Scherer : Oui, en effet, l’utilisation des data est croissante, non seulement pour améliorer les contenus en comprenant mieux ce que veulent les gens, mais aussi évidemment en pouvant mieux cibler de manière publicitaire les « télénautes ». Pour ce faire, on se dote d’une équipe data transversale au groupe qui va décrypter des données pour nous aider à améliorer les contenus, et à améliorer les revenus publicitaires aussi.
 
 
Selon vous, la TNT payante et la télévision payante en général, ont-elles un avenir ?
Eric Scherer : Comme je l’ai dit,  uniquement si c’est à la demande. Mais pas à un prix oscillant entre quarante et cinquante euros pour une seule offre. Je pense que l’on aura des bouquets peut-être plus légers qui vont se développer, une offre à la demande, que l’on pourra composer soi-même, et non pas un menu imposé. C’est dans ce cadre-là qu’il peut y avoir des formes de télévision payante.
 
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Crédit photo : Service de presse de France Télévisions
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    Depuis mi-novembre, Canal+ propose trois tarifs d’abonnement de 19,90 €/mois à 49,90€/mois. 

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