Du Minitel à l'Internet
Pendant deux décennies, le Minitel fut un emblème du high-tech français, avant d'être emporté par l'internet.
Pendant deux décennies, le Minitel fut un emblème du high-tech français, avant d'être emporté par l'internet.
Le Minitel est une invention française qui s’est déployée dans les foyers et les entreprises au cours des décennies 1980 à 2000. Composé d’un écran et d’un clavier, ce terminal donnait accès à une multitude de services pratiques et informatifs, par le biais du réseau téléphonique. Après 30 ans d’activité, la mort du Minitel est imminente. Celle-ci été déjà annoncée puis repoussée, mais un sursis lui est accordé jusqu’au 30 juin 2012. Cela nous donne l’occasion de retracer l’histoire de cet objet qui a marqué l’industrie des télécommunications et la société française dans sa sensibilisation au numérique, jusqu’à ce que le Minitel soit supplanté par l’Internet.
Le Minitel est le terminal né de la mise en œuvre du programme Télétel dès la fin des années 1970, suite au plan de rattrapage dans le domaine des télécommunications. Le Minitel constitue l’archétype de la télématique (néologisme issu de la conjonction des mots télécommunications et informatique) qui se situe dans la lignée des projets ambitieux d’inspiration gaullienne. Elle a donc été choisie comme axe de développement d’une politique industrielle française de grande envergure.
Commandé par Valéry Giscard d’Estaing, le rapport Nora-Minc de 1978 a popularisé la notion de télématique(1) . Ce rapport administratif demeure une référence dans l’informatisation de la société grâce à la couverture médiatique et à l’écho international dont il a fait l’objet, à tel point que l’historienne Andrée Walliser le qualifie de « best seller ». Pour Johanne Bergeron, « l'intérêt majeur du rapport Nora-Minc est d'aborder les aspects techniques et économiques de l'informatisation, en les liant à une interrogation sur le sens de l'évolution sociale ». La télématique était alors appréhendée comme une véritable révolution pour l’économie et la société françaises.Tout le monde nous l’a envié, personne ne nous l’a acheté .Le projet Télétel a donc fait l’objet d’investissements publics massifs. Grâce à un tel soutien, les recherches pour concevoir un terminal capable de transmettre le premier annuaire électronique national ont été amorcées selon un modèle descendant (top-down). Confié à Jean-Paul Maury, le projet s’est appuyé sur deux centres de recherches : le CNET (Centre national d’études des télécommunications), qui travaillait déjà à la modernisation du téléphone, et le CCETT (Centre commun d’études de télévision et télécommunications). Fort de cette volonté politique, le projet Télétel amorcé en 1978 a été mis en œuvre en 4 ans seulement. Le décollage aura été rapide, puisqu’il atteindra 10 ans après son apogée. En dépit de la prouesse technologique qu’il constitue pour l’époque, l’histoire du Minitel révèle qu’il demeure une innovation franco-française, en témoigne la formule fréquemment évoquée : « tout le monde nous l’a envié, personne ne nous l’a acheté » .
Il faut garder à l’esprit que le seul écran qui était alors en phase de diffusion dans les foyers était la télévision.
Lancé en 1982, le Minitel a particulièrement prospéré entre 1992 et 1997 avec la mise à disposition initialement gratuite du terminal et l’accès à des services qui ont marqué les esprits de plus d’une génération. À l’origine, le programme avait été imaginé à travers le prisme de l’annuaire national électronique 3611, indispensable au vu de la forte croissance du nombre de lignes téléphoniques et de la difficile mise à jour des annuaires papier en résultant. Pourtant, une profusion de services payants a été créée, oscillant entre des vocations ludiques, pratiques, informationnelles, communicationnelles et professionnelles.
L’absence de coûts d’acquisition de l’objet était compensée par la monétisation de l’usage des services, basée sur la durée de consultation.
Au début des années 1980, le Minitel constitue une innovation sans précédent, qui va déferler sur l'économie et la société françaises. L'étude de la diffusion du Minitel sous toutes les coutures révèle une courbe classique dans la littérature de cycle de vie d'un produit, dont l'âge d'or se situe autour des années 1993-1997. La gratuité, la simplicité d'utilisation, le système de facturation et l'attractivité des services représentent des facteurs déterminants dans l'adoption et l'utilisation du Minitel.
Fort de son succès, le Minitel est devenu une manne financière pour France Telecom et de nombreux fournisseurs de services. Les chiffres sur le sujet sont malheureusement imparfaits et incomplets. À notre connaissance, deux études approfondies ont été réalisées sur les comptes globaux du Minitel. La première porte sur les comptes cumulés jusqu'à la fin de l'année 1987. À ce moment-là, le Minitel est encore un gouffre financier : il a coûté près de trois fois ce qu'il a rapporté. L'explication se trouve dans l'offre gratuite du terminal, investissement considérable mais nécessaire pour favoriser l'adoption puis l'utilisation du Minitel.
Le Minitel, réseau uniquement national, est limité technologiquement et risque de constituer un frein au développement d'applications nouvelles et prometteuses.
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