Présidentielle : une régulation du temps de parole à contretemps des usages

Présidentielle : une régulation du temps de parole à contretemps des usages

Le penchant français pour l’encadrement du travail des journalistes s’affirme notamment lors des campagnes politiques avec le comptage du temps de parole à la radio et la TV des candidats à la présidentielle. Une obsession à rebours de l’évolution des médias et des pratiques du public.

Temps de lecture : 10 min

 

À nouvelle campagne présidentielle, puis nouvelles législatives, nouvelles règlementations du temps consacré à chaque candidat et ses soutiens, à chaque parti, pour les rédactions qui vont informer sur celles-ci. De nouveau va se mettre en place un dispositif basé sur un comptage strict du temps(1) consacré aux uns et aux autres, surtout dans la période finale de ces campagnes.

 

C’est-à-dire que s’impose une logique de comptable, alors que s’engagent des temps forts de la vie politique française qui demanderaient aux rédactions de radios et télévisions de donner le meilleur d’elles-mêmes en reportages, enquêtes, analyses documentaires, décryptage. Que nenni : au moment le plus intense et le plus décisif, la logique du compte rendu, de l’exposition « à plat » tend à l’emporter pour s’assurer que le plus petit candidat, la plus modeste formation auront bien eu la totalité des minutes auxquels ils ont droit(2). Cela est-il bien raisonnable, dans un paysage médiatique très élargi, alors que les pratiques d’information sont profondément modifiées, et pour quel objectif visé quant au fonctionnement de notre démocratie ? Le CSA lui-même, dans la réflexion engagée en 2014, évoque un risque de sous-traitement des questions politiques au moment où la réglementation est la plus forte(3).

 

La France n’est certes pas seule à connaître de tels dispositifs propres aux périodes électorales. Une singularité tient au statut particulier de l’élection présidentielle a u suffrage universel, qui exacerbe la polarisation sur ces questions de temps d’exposition. La plupart de nos voisins connaissent donc des périodes particulières, au cours desquelles les médias audiovisuels sont soumis à des obligations d’équilibre et de pluralisme avec des autorités chargées de superviser l’application des règles : AIEP (Autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radio-télévision) pour la Suisse, BBC Trust et Ofcom (Office of Communications) au Royaume-Uni, CSA en Belgique, etc. Concernant la Belgique, il est intéressant de noter que le dispositif de traitement de la campagne, transmis par chaque média au CSA, doit avoir fait l’objet d’une discussion et d’un accord avec la ou les rédactions.

L’obsession de l’encadrement du travail des journalistes

 

 À l’occasion des temps forts de la vie politique du pays, s’affirme l’un des penchants français de l’approche du journalisme et de l’information : l’obsession d’un encadrement législatif et réglementaire qui devient tatillon 

Logiquement, à l’occasion des temps forts de la vie politique du pays, s’affirme l’un des penchants français de l’approche du journalisme et de l’information : l’obsession d’un encadrement législatif et réglementaire qui, à ces moments-là, devient tatillon. Pour les spécialistes du droit des médias, à commencer par Emmanuel Derieux(4), il existe dans ce pays de longue date une véritable « inflation législative » à l’égard de ce qui touche aux médias et à l’information. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer le nombre de lois pour organiser l’audiovisuel au cours des dernières décennies, comparativement à ce qui se passe chez nos voisins européens. Plus grave pour la démocratie française et le rôle qu’y joue l’information, il faut prendre la mesure des réaménagements incessants de la loi de 1881 sur la « liberté de la presse ». Pas une décennie sans que n’interviennent des ajouts substantiels concernant la sécurité, la présomption d’innocence, la protection de la vie privée, les atteintes à la dignité des personnes, etc.(5). En même temps que continue de peser un culte du secret : de l’enquête et de l’instruction, mais aussi secret défense, en attendant l’issue des discussions sur un secret des affaires.

 

En matière de pluralisme politique, l’article 13 de la loi du 30 septembre 1986 en confie le contrôle au CSA. Au nom de celui-ci, lors des différentes campagnes électorales, l’autorité de régulation émet des recommandations visant à garantir l’égalité de traitement pour chaque candidat ou courant(6) selon la nature de l’élection. Le postulat est à la fois le même, l’équilibre et la qualité d’un traitement équilibré de l’information, mais il se trouve, de fait, ramené à un temps d’exposition de chaque candidat, liste, etc. station par station ou chaîne par chaîne. Comme si l’auditeur et le téléspectateur étaient « enchaînés » à l’une d’entre elle.

La réglementation contre la responsabilité

 

Interrogés sur les motivations de tels dispositifs il fait peu de doute que les législateurs comme les régulateurs invoqueront la responsabilité des journalistes et des rédactions vis-à-vis du processus démocratique. C’est précisément sur cette question de la nature de cette responsabilité que porte le débat de manière récurrente, avec la manière de la renforcer. Sur ce point, la réflexion d’un philosophe comme Alain Etchegoyen(7) est précieuse. Elle avait été déjà précieuse dans l’approche des questions de déontologie dans un rapport remis à Catherine Trautmann, ministre de la Culture et de la communication en 1999(8). Il était alors question de s’interroger sur l’utilité de dispositifs de régulation en matière d’information et de déontologie journalistique. Pour Alain Etchegoyen, en matière de responsabilité, deux conceptions s’opposent, l’une « juridique », l’autre « morale » ou éthique. Dans la première, ce sont des lois et des règles qui encadrent le comportement les individus. Dans la seconde, c’est le devoir dû à la société, au public, à la démocratie en matière politique, qui guide la ligne de conduite. Dans cette conception, il y a, en quelque sorte, obligation de moyens et d’engagement au nom de l’intérêt général.

 

 Seule la conception morale de la responsabilité convient à une activité où il y a, par définition, incertitude sur les moments, les circonstances, la nature des événements et sujets à traiter  

Seule la conception morale de la responsabilité convient à une activité où il y a, par définition, incertitude sur les moments, les circonstances, la nature des événements et sujets à traiter. La norme a priori ne peut convenir au service de l’intérêt général. C’est pourquoi, en privilégiant la conception juridique, législateur et régulateur conjuguent leur approche, sans doute involontairement, pour conduire à un appauvrissement de l’information traitée, qui risque au moment le plus crucial — où il faut en même temps obtenir l’équilibre parfait du temps de chacun — de se transformer en une simple restitution des faits et gestes de chacun, sans relief et sans utilité réelle. C’était déjà vrai hier, cela l’est encore davantage alors même que le paysage des médias s’est profondément transformé et continuera à muter, renforçant certains traits émergeants de celui-ci.

Absence de sens face au paysage actuel des médias

 

La persistance à vouloir réglementer les temps de paroles des candidats et de leurs soutiens à la radio et à la télévision surprend, tant elle est à contretemps de l’évolution du paysage des médias. Un paysage des médias dans lequel l’audiovisuel n’est plus vraiment central, au moins pour une part de plus en plus large de la population, Un paysage dans lequel notamment la télévision n’est plus dominante, devenant progressivement une simple composante de celui-ci(9). Un paysage dans lequel le public, et particulièrement les plus jeunes, ont appris à jouer des différents moyens mis à leur disposition. Ils sont devenus notamment experts en évitement des messages qui les rebutent, leur déplaisent, alors même qu’ils entendent construire eux-mêmes l’environnement de sensibilités, de valeurs, de goûts qui leur convient, à l’image de la pratique des réseaux sociaux(10).Le Pew Research Institut révélait, il y a déjà plus d’une année que plus de 60 % des abonnés à Twitter et Facebook aux États-Unis, faisaient de ceux-ci leur moyen d’accès à l’information. Les chiffres sont certes plus faibles pour la France. L’étude Harris Interactive(11) présentée aux Assises du journalisme 2016 montrait cependant qu’une majorité des plus jeunes — moins de 25 ans — dans l’Hexagone (74 %, contre 43 % pour l’ensemble des tranches d’âge) avaient adopté les mêmes pratiques.

 

 La progression de la part prise quotidiennement par le mobile vient totalement contredire la polarisation sur la télévision "média dominant" 

Dans la plupart des pays industrialisés, à commencer par les États-Unis, le temps consacré à l’audiovisuel, sous sa forme classique, recule au profit du temps consacré aux différentes formes de médias numériques(12). À cet égard, la progression de la part prise quotidiennement par le mobile vient totalement contredire la polarisation sur la télévision « média dominant ». Là encore, le phénomène est d’autant plus important que le public est jeune.

 

Et quand bien même voudrait-on accorder foi à la suprématie du média télévision, celui-ci a complètement changé de nature tant il s’est diversifié, d’abord avec le satellite, puis surtout avec la TNT (télévision numérique terrestre). De ce point de vue, la télévision a vécu avec trois décennies de décalage ce qui s’était produit en radio dans les années quatre-vingt : émiettement des audiences, aux dépends des anciennes radios et télévisions leaders. RTL est à un peu plus de 12 % d’audience, alors que TF1 tient difficilement la barre des 20 %(13). Face à un tel phénomène, quel sens donner à l’équilibre comptable des temps consacrés à chaque candidat ou courant politique, alors même que le public zappe d’une chaîne à l’autre, y compris au moment des journaux télévisés ?

Déconnection de la fluidité des pratiques du public

 

La prochaine présidentielle (avril-mai 2017), suivie des législatives (juin 2017), intervient à un moment très particulier dans l’évolution des pratiques du public. Un moment où ce sont les ruptures ou le basculement dans ces pratiques qui conduisent à la réorganisation de l’offre d’information et non l’inverse. Ce moment, c’est celui dans lequel, à partir du numérique, s’impose une nouvelle forme de recherche d’information. Celle-ci peut être qualifiée « d’horizontale »(14), dans le sens où les individus privilégient ce qu’ils souhaitent trouver en mettant en œuvre les différents moyens qui sont à leur disposition. Sur le numérique, il s’agit par exemple d’entrer dans sa recherche par les réseaux sociaux et les moteurs de recherche et non plus un média plutôt qu’un autre. Cette recherche horizontale s’impose progressivement aux dépends de la relation traditionnelle média – public, verticale et descendante, dans laquelle chacun d’entre nous aurions notre journal, notre station de radio et notre télévision préférés. Lors d’un moment fort dans le domaine politique, proposé par les radios ou télévisions, cela pourra être une interview d’un candidat, un débat entre les candidats à un second tour de présidentielle, il s’agira du « second écran » du smartphone, de la tablette ou de l’ordinateur pour y suivre un ou des lives proposés par des sites d’information, pour consulter des services de fact checking ou, tout simplement, la conversation des amis ou des personnes que l’on suit sur Facebook, Twitter ou autres réseaux sociaux(15).

 

.@BenoitHamon à @Vincent_Peillon sur le revenu d'existence : "Ce n'est pas vrai, tu as mal lu !" #PrimaireLeDébat pic.twitter.com/MgVJZ4Jtkd

— Europe 1 (@Europe1) 19 janvier 2017

Tout se passe donc comme si les institutions politiques, le régulateur de l’audiovisuel prétendaient mettre sous cloche les radios et télévisions, médias dominants d’hier, alors que le public abandonne cette relation privilégiée, verticale à un média, avec son postulat de fidélité à tel ou tel, alors que tout se joue désormais dans une fluidité où ce sont les individus qui construisent leur propre cadre d’information à chaque moment en fonction, non de l’organisation de l’offre, mais de leurs préoccupations et des interrelations qu’ils entretiennent avec d’autres individus. À quoi bon millimétrer les temps de parole consacrés aux uns et aux autres, alors que les audiences ne sont plus forcément là, ou se partagent entre des messages contradictoires ? Va-t-on comptabiliser les audiences recueillies par chacun ou trouver un mode de calcul du « temps de cerveau disponible » à un message politique ?

Ignorance des connaissances concernant la réception

 

Le fond du problème est que le dispositif législatif et réglementaire qui définit le rôle du CSA en matière de temps de parole des candidats à la radio ou à la télévision repose sur une croyance, celle de l’efficacité en soi de la simple exposition du public, des citoyens à un message. Toutes les recherches sur la réception depuis la seconde guerre mondiale et plus récemment celles d’Elihu Katz et Tamar Liebes(16), Daniel Dayan(17), Dominique Pasquier(18), ainsi que Éric Maigret et Éric Macé(19), etc., conduisent pourtant à invalider la pertinence d’une telle croyance, en montrant que ce sont davantage les caractéristiques du récepteur (son groupe d’appartenance, son histoire personnelle) et le contexte de la réception qui vont déterminer l’efficacité d’un message et non point le temps d’exposition ou la répétition de celui-ci.

 

Combinée aux transformations des pratiques d’information dans un paysage médiatique enrichi et complexifié, il ne reste que les effets pervers d’un traitement superficiel de comptable, à la poursuite d’une efficacité de la réception qui n’existe pas. D’autant moins que, comme cela a été montré plus avant, ledit public va multiplier les stratégies de contournement, à commencer par celles que lui offrent les réseaux sociaux.


C’est dire que, lors de campagnes électorales, plus encore qu’à tout autre moment, le rôle des journalistes, des rédactions change en se recentrant : ils ne sont plus les seuls à annoncer, présenter l’information brute. Ils ne sont non plus ceux qui ont le monopole de la maîtrise des supports techniques. En revanche, ils doivent être plus que jamais les médiateurs qui apportent du sens, du fond, de la profondeur, de l’analyse, du décryptage. Ce qu’ils ne peuvent pas faire entravés, dans un système de réglementation au service d’une cause vaine.

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Crédit Photo :
- Ina.Illustration : Guillaume Long

 

 

(1)

Qu’illustre bien l’obligation faite à chaque radio ou télévision de transmettre au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel)chaque semaine des « relevés de temps de parole et d’antenne » (cf.« Le pluralisme politique et les campagnes électorales » ) 

 

(2)

Le CSA lui-même, relevant les inconvénients d’un tel dispositif, a publié en septembre 2015 une quinzaine de « Propositions du Conseil supérieur de l’audiovisuel relatives à l’application du principe de pluralisme politique dans les médias audiovisuels en période électorale. »

 

(3)

Cf. « Propositions du Conseil supérieur de l’audiovisuel relatives à l’application du principe de pluralisme politique dans les médias audiovisuels en période électorale. » , ibidem

 

(4)

Emmanuel DERIEUX, Droit des médias. Droit français, européen et international, Paris, LGDJ, 2015

 

(5)

Récemment (automne 2016), les sénateurs ne s’étaient-ils pas engagés sur la voie d’une révision des textes sur la diffamation, au prétexte que l’Internet et les réseaux sociaux en modifiaient les termes ?

 

(6)

Le terme courant est utilisé ici pour des candidats hors partis ou lorsqu'il y a pluralité de concurrents pour un parti. 

 

(7)

Alain Etchegoyen : « La vraie morale se moque de la morale – être responsable », Paris, Seuil, 1999 

 

(8)

Jean-Marie Charon, « Réflexions et propositions sur la déontologie de l’information : rapport à Madame la Ministre de la culture et de la communication », Ministère de la Culture et de la Communication, 1999.

 

(9)

Pour rappel, l’étude « Media in life » de Médiamétrie révèle ainsi que le smartphone équilibrait quasiment la télévision – 33,2 % contre 34,7 % - en nombre de contacts quotidiens. C’était en effet en 2014 dans un processus dynamique en défaveur de la télévision.

 

(10)

92 % des 18-24 ans sont utilisateurs de réseaux sociaux selon Benoît Danard du CNC (Consommation vidéo et internet des jeunes, avril 2016 ).

 

(11)

« Le prix de l’information », Étude Harris Interactive pour les Assises du journalisme et Presse et pluralisme, 9 mars 2016. 

 

(12)

Cf. Jean-Louis Missika, La Fin de la télévision, Paris, Seuil, 2006. Pour rappel, selon Médiamétrie en octobre 2016, les 13-34 ans avaient regardé la télévision 2 heures 15 par jour, soit un recul de quasiment 10 minutes sur un an.

 

(13)

Selon Médiamétrie en octobre 2016, TF1 réalise une audience de 20,3 % contre 22,4 % un an plus tôt, pour France 2 il s’agit de 12,3 % contre 13,9 %.

 

(14)

Cf. Jean-Marie Charon, La Presse d’information multisupports – Imaginer, concevoir, expérimenter, créer », Paris, Uppr éditions, 2016.

 

(15)

À noter que les travaux de Dominique Boullier, La Télévision telle qu’on la parle. Trois études ethnométhodologiques (Paris, L’harmattan, coll. « Champs visuels », 2003), montraient que cette conversation existait déjà pour la télévision d’hier, opérant divers ajustements cruciaux quant à la réception d’un contenu.

 

(16)

Elihu Katz, Tamar Liebes : The Export of Meaning. Cross Cultural Readings of Dallas, Cambridge, Polity Press, 1993

 

(17)

Daniel Dayan, Les mystères de la réception », Le Débat, no 71, Paris, Gallimard,1992.

 

(18)

Dominique Pasquier, Daniel CÉfaï, sous la direction de, Les Sens du public. Publics politiques, publics médiatiques, Paris, PUF, 2003.

 

(19)

Éric MAIGRET, Éric MACÉ, Penser les médiacultures. Nouvelles pratiques et nouvelles approches de la représentation du monde, Bry-sur-Marne, INA, Paris, Armand Colin, 2005. 

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