Allumez votre téléphone et lancez votre application dédiée aux podcasts. Vous ne l’avez peut-être pas ouverte depuis le dernier épisode de Serial, la série documentaire américaine qui avait donné un coup de fouet à la production de contenus audio natifs outre-Atlantique. En naviguant parmi les programmes français qui vous sont proposés, trois tendances claires se dessinent. Il y a tout d’abord les programmes, qui tiennent plus de la radio de rattrapage, mis en ligne par les stations (88 % des contenus les plus populaires sur iTunes), avec certains acteurs comme Radio France qui communiquent régulièrement le nombre de téléchargements de leurs émissions. Puis viennent d’autres podcasts produits par des sociétés telles que Binge ou Les Nouvelles Écoutes, suivis, enfin, des contenus créés par des tiers en dehors de toutes structrures, souvent en amateur. Mais en France, des acteurs importants manquent à l’appel : les médias écrits. Quotidiens, hebdomadaires, mensuels ou même pure players produisent très peu de podcasts. Ce constat est encore plus criant si on compare avec ce que l’on peut trouver aux États-Unis, au Royaume-Uni ou même en Allemagne. La liste laisse songeur : Die Zeit, Die Süddeutsche Zeitung, Die Welt, Der Spiegel, The Guardian, The Financial Times, The Times, The Economist, Politico, Wired, Buzzfeed, The New York Times, etc., tous produisent un podcast, ou plus, de façon régulière. L’audio natif représente 25 % des revenus de Slate.com, marché que le site a investi dès 2005. En France, seuls quelques médias écrits proposent de l’audio natif. La plupart sont spécialisés, dans le jeu vidéo dans le cas de Gamekult ou encore les questions de société comme Madmoizelle. Du côté des médias généralistes, ils sont encore moins nombreux.
En France, quotidiens, hebdomadaires, mensuels ou même pure players produisent très peu de podcasts.
Libération fait ainsi figure d’exception et propose deux podcasts, le
56kast (culture web) et
Silence on Joue (jeu vidéo), présentés respectivement par
Camille Gévaudan et
Erwan Cario. Ces programmes, dont l’origine remonte à 2007, sont des rescapés. « À l’époque, il y a eu un gros projet de podcast qui s’appelait Libélabo, qui a été accompagné par la construction d’un studio d’enregistrement », témoigne Erwan Cario. L’offre d’alors comprend notamment un podcast sur le sport, intitulé très judicieusement…
Bar des sports, ainsi que
La semaine des jeux vidéo, qui deviendra rapidement
Silence on joue et la transposition sonore de la rubrique Ecrans.fr,
Ecrans.fr, le podcast. « L’équipe de Libélabo avait monté des tas de projets, il y avait des émissions politiques, des enregistrements de sessions musicales, se souvient le journaliste. Pour moi, c’était une sorte d’effet d’aubaine, j’aime bien me lancer dans des projets ».