Caracol Radio est depuis 2004 une des filiales de la holding d’entreprises radiophoniques en Amérique latine du groupe espagnol Prisa. Il comprend les radios colombiennes du Grupo Latino de Radio (Groupe latino de radio), soit environ 172 stations et de nombreuses marques, dont La W, Caracol Radio, Tropicana Estéreo, Las 40 principales, Radioacktiva, Radio Recuerdos, Colorin Colorradio On Line, Oxigeno. La diversité des profils des radios, de leur contenus (information, musique contemporaine, populaire, pour les jeunes, émissions de divertissement) et de leurs publics-cibles (adultes, jeunes, enfants) fait de Caracol Radio le premier groupe de radio du pays.
La radio est créée le 2 août 1948 par un groupe d’entrepreneurs de Medellin, tout d’abord sous le nom de Voz de Antioquia. Ce n’est que plus tard qu’elle prend le nom de « Caracol » (escargot), qui vient du réseau dont elle fait partie, la Cadena Radial Colombiana (Réseau de radio colombienne). La Société Nuevo Mundo imagine un réseau de radios à portée nationale avec une série de stations dans chaque capitale de département du pays, diffusant une programmation nationale commune avec des émissions locales.
En 2003, le groupe Caracol décide de restructurer une de ses filiales, Caracol Estereo. S’inspirant de XEW, une des radios du réseau mexicain Radiopolis, dont 50 % est acquis par le groupe Prisa en 2001, une toute nouvelle radio est créée en Colombie : La W. Avec 24h de programmation réalisée dans des studios situés à Bogota, Miami et Madrid, la radio offre différentes émissions d’information, d’interviews et de musique. La cible est adulte. La chaîne est très tournée vers l’actualité et fait intervenir de nombreuses personnalités. En Colombie, La W dispose de fréquences à Cali, Barranquilla, Bucaramanga, Armenia, Pereira, Cúcuta et Duitama.
L’émission la plus populaire est celle de Julio Sanchez Cristo (directeur de la radio), Alberto Casas et Felix de Bedout, qui porte le nom de la radio, « La W », diffusée tous les jours entre 5h et 13h depuis 1996. L’audience de cette émission est estimée à plus de 600 000 personnes par jour, dont 500 000 en Colombie, le reste se répartissant entre les États-Unis, le Panama, l’Equateur, le Mexique et l’Espagne. Elle dispose d’une équipe de 34 journalistes, dont 16 personnes à Bogota, 3 dans le reste du pays, 3 aux États-Unis, 5 en Espagne, un à Londres, un à Paris, un à Caracas et un autre à Jérusalem. La radio reçoit environ 200 appels par jour mais seulement 100 sont passés à l’antenne.
En plus des radios informatives, Caracol Radio a plusieurs réseaux de radios musicales. Parmi les plus importants : Las 40 principales. Cette radio, créée en Espagne en 1966, est internationalisée par Prisa en 2000 dans plusieurs pays latino-américains, dont la Colombie, comme partie du Grupo Latino de Radio. Avec un profil contemporain, son attrait majeur pour l’audience vient de la diffusion hebdomadaire des 40 chansons les plus populaires du marché, dans les genres pop-rock latino, rock classique, ou musiques du monde. Aujourd’hui, elle est présente dans neuf pays. D’autre part, Tropicana est un réseau musical typiquement colombien. Disposant de 25 stations réparties sur tout le territoire, il remporte souvent la première place dans les sondages d’audience du pays toutes catégories confondues. Il diffuse surtout de la musique tropicale.
Avant de se faire racheter par le groupe Prisa, Caracol avait une expérience à l’international, développée pendant les années 1990. La population hispanophone des États-Unis représentait le marché majeur à atteindre, ce que Caracol commence à faire en louant des segments de programme dans une radio à Miami, avant d’acquérir sa propre fréquence (WSUA 1260 AM) en 1995. Presque en même temps, Caracol fournit des émissions au Consortium Radiophonique Finisima AM au Chili. Quelques années plus tard, il achète deux réseaux musicaux : Radioactiva (25 stations) et Radioamistad (9 stations) et créé un troisième système, Caracol Musica (3 stations). Finalement, Caracol investit en 1992 à Paris, en achetant des parts de Radio Latina.
Suite au partenariat établi avec Prisa, puis au rachat de Caracol Radio par le groupe espagnol, les radios à l’étranger de Caracol deviennent partie du Grupo Latino de Radio et sont restructurées, comme dans le cas des réseaux de radios chiliennes, devenus des déclinaisons des marques La W, Besame, Radio Activa et Los 40 principales. WSUA 1260 AM est aujourd’hui Caracol 1260 AM et rencontre un franc succès auprès de la population hispanophone. La radio retransmet essentiellement la même programmation que la radio W. En ce qui concerne la radio parisienne, elle a fait partie de Prisa jusqu’en janvier 2007, date où le CSA a approuvé l’acquisition de la station musicale par le groupe français Start.
Depuis sa création en 1948, Caracol Radio est passée par plusieurs étapes de développement, marquées chacune par des actionnaires particuliers. Au départ, c’est un groupe d’entrepreneurs et de politiques colombiens reconnus, qui fonde la Cadena Radial Colombiana SA à Medellin, à partir de la radio La Voz de Antioquia. Parmi les propriétaires importants, Humberto Restrepo Arango, William Gil Sanchez, Fernando Londono Henao, Alfonso Lopez Michelsen (Président de la République entre 1974 et 1978) et Carlos Sanz de Santamaria. Cette première étape, qui va jusqu’en 1987, est marquée par l’expansion rapide de Caracol Radio à l’intérieur du pays. En 1952, le réseau compte déjà 12 stations, notamment dans les principales villes. Ces années sont celles de l’amélioration des techniques de diffusion et de mise en place d’une grille de programmation originale. Un des formats radiophoniques les plus populaires est celui de « Radio-Reloj » (Radio-Horloge, alternant morceau de musique, publicité et rappel de l’heure exacte).
La première station commerciale à diffuser sur la bande FM en Colombie est Radio Caracol en 1971(3). Caracol réalise des investissements dans d’autres secteurs d’activité pendant les années 60 et 70 : construction et urbanisme, engrais, véhicules, agences de publicité, banques, assurances, acier, etc. Mais l’investissement le plus important pour le groupe est dans le secteur de l’audiovisuel avec la création de la chaîne Caracol Télévision en 1967. Le groupe est obligé de se défaire de la majeure partie de ses entreprises à la fin des années 1970 suite au contexte économique défavorable, notamment dans le marché publicitaire(4).
En 1986, Caracol Radio subit d’importantes difficultés en raison d’une crise avec le personnel de l’entreprise qui donne lieu à une grève de 47 jours. Lorsqu’une solution est finalement trouvée, le déficit de trésorerie est important. Une partie de l’actionnariat (qui représente 55 % du capital social) refuse de recapitaliser l’entreprise et décide de vendre ses parts. Celles-ci sont alors rachetées en 1987 par le groupe Empresarial Bavaria, propriété de l’entrepreneur Julio Mario Santo Domingo. Homme le plus riche de Colombie et 108ème fortune mondiale selon le magazine Forbes en 2011, son patrimoine est estimée à 6 000 millions de dollars. À cette époque, il dirige un groupe dont les activités diversifiées sont florissantes, notamment dans le marché de la bière (Bavaria), dans l’aviation (Avianca) et dans la presse (journal El Espectador). Le groupe Bavaria consolide la marque Caracol et poursuit son développement. En 1998, alors que Caracol Radio fête son 50ème anniversaire, le réseau dispose de 236 stations de radio, divisées en quatre groupes de réseaux radiophoniques en Colombie et à l’étranger. Le groupe possède 182 stations en Colombie (113 propres et 69 affiliées) et 54 stations à l’étranger (au Chili, en France et aux États-Unis)(5).
En 1997, afin de clarifier son organisation et de permettre à Bavaria de se concentrer sur le secteur de la bière et des boissons, Valores Bavaria (aujourd’hui Valorem) est crée suite à la scission du groupe. Ceci est important pour Caracol Radio car Valores Bavaria concentre à partir de ce moment les activités médiatiques du groupe et trois des principaux médias du pays : El Espectador (presse), radio (Caracol Radio), télévision (Canal Caracol).
En 1999, Valores Bavaria commence à réaliser des accords avec le groupe Prisa, qui achète 19 % de Caracol Radio dans le but de créer un réseau latino-américain de radiodiffusion à long terme. En 2002, Prisa et Bavaria deviennent partenaires dans la holding Grupo Latino de Radio SL. Celle-ci regroupe la totalité des actions de radio de Valores Bavaria en Colombie, en France, aux États-Unis et au Chili, ainsi que les radios de Prisa en Amérique Latine.
Prisa est le premier groupe de communications en Espagne, numéro un en production et distribution de contenus en espagnol, dans plus de 22 pays au monde, et compte plus de 50 millions d’usagers avec des marques globales. Son activité est divisée en quatre secteurs : édition et éducation, presse, audiovisuel, radio (Cadena SER et GLR). Depuis 2000, Prisa investit de manière accélérée en Amérique latine. En 2001, 25 % des recettes totales de Prisa viennent de ses opérations internationales concentrées dans la région. En 2011, Prisa est présent dans 13 pays latino-américains. Le but final du groupe à long terme est de mettre en place un plan stratégique d’investissement pour devenir le premier groupe de communication en espagnol et en portugais. Objectif atteint en 2006 dans le secteur de la radio avec le regroupement des participations radiales aux États-Unis et en Amérique latine sous une même entité, la Unidad de Radio ou Prisa Radio.
La division Prisa Radio est détenue à 80 % par Prisa et à 20 % par le groupe Godo. Cette division dispose de plus de 1200 radios (propres, avec des participations ou associées) en Amérique latine, en Espagne et aux États-Unis, ce qui représente environ 26 millions d’auditeurs. En 2009, elle a enregistré des bénéfices de 377 millions d’euros pour un Ebitda(6) de 103 millions d’euros. La stratégie de développement est celle des marques globales, comme Las 40 principales ou La W, même si elle gère environ 30 formats de radio différents. Les salariés pour l’Espagne et l’Amérique latine sont estimés à 3000 personnes.
En 2008, Prisa Radio signe un accord avec le fond d’investissement britannique 3i, afin de développer le réseau de radios en Amérique Latine principalement sur le marché hispanophone des États-Unis. La participation de 3i correspond à 8,14 % du capital social de Prisa Radio, les deux autres actionnaires disposant de 73,49 % dans le cas de Prisa et 18,37 % pour le groupe Godo. L’objectif final est que 3i augmente sa participation jusqu’à atteindre les 16,63 %, en réalisant des augmentations de capital successives pour un investissement total de 225 millions d’euros.
Mais la nouvelle organisation a aussi impliqué un changement important dans la gestion du réseau colombien, l’équipe de direction étant plutôt en Espagne qu’en Colombie. Caracol Radio a perdu une part de son indépendance ce que certains « anciens » de la radio regrettent, comme le journaliste Hernan Pelaez de l’émission « La Luciérnaga ». En mars 2011, le nouveau directeur espagnol de Caracol Radio, Alfonso Francisco Dolo, fait des remarques sur l’équipe de production, estimant que les journalistes de plus de 60 ans devraient partir à la retraite. La réaction de Hernan Pelaez, qui travaille avec Caracol Radio depuis plus de 40 ans, ne se fait pas attendre : il déclare lors d’une interview que « ceux qui savaient faire de la radio à Caracol, c’étaient les premiers propriétaires (…) les "bavares" savaient faire de la bière, et les nouveaux ne sont intéressés que par les chiffres ». Certaines frictions se font donc sentir auprès du personnel de Caracol qui a du mal à s’habituer au style de direction et qui considère que les finances laissent à désirer.
En effet, le groupe Prisa est confronté à la crise et à d’importantes difficultés financières dès 2008, causées entre autres par la baisse de 88 % de son action et par des pertes dans ses revenus publicitaires et de la diffusion des journaux papier. Ceci a conduit le groupe à suspendre le paiement des dividendes des actionnaires et a poussé le directeur du secteur audiovisuel, Javier Diez Polanco à démissionner. Le groupe passe de 3209 millions d’euros de revenus d’exploitation en 2009 à 2823 millions en 2010 et d’un Ebitda de 624 millions d’euros en 2009, à 596 millions en 2010. Un plan de restructuration financière est mis en place en 2010 afin d’assainir les finances et d’alléger la dette du groupe. Il maintient le périmètre de consolidation et le contrôle de ses entreprises, augmente ses dotations en capital et réussit à avoir un résultat net de -72,87 millions d’euros. Le plan de restructuration envisage de réduire de 18 % la quantité de personnel, soit 2000 personnes en Espagne, 500 au Portugal et dans les Amériques. Sur les 2500 personnes, 649 dans le secteur radio, soit 21 % de l’ensemble du personnel du secteur radio. Une deuxième phase de licenciements n’est pas écartée pour 2012.
Le concurrent historique direct de Caracol Radio en Colombie est RCN (Radio Cadena Nacional). Créée aussi en 1948 à Bogota sous le même modèle que Caracol (une radio généraliste à dominante informative imaginée par un groupe d’entrepreneurs qui cherchaient à positionner la publicité de leurs produits), elle appartient aujourd’hui au groupe Ardila Lülle, un des quatre groupes les plus importants du pays (tout comme le groupe Bavaria). En 1972, la marque RCN est aussi déclinée sous la forme d’une chaîne de télévision. Aujourd’hui, contrairement au cas de Caracol, les deux médias appartiennent au même groupe.
Principaux réseaux radiophoniques du pays et positionnés sur le même marché, RCN et Caracol dominent celui-ci et se sont construits en miroir, à l’image des deux villes (Bogota et Medellin) où ces radios sont nées, les centres économiques du pays. Certains locuteurs, journalistes, humoristes, ont déjà travaillé pour les deux réseaux. Le groupe RCN possède une série de radios dont les différents profils concurrencent directement les radios de Caracol : La Mega, Rumba Estereo, La FM, Amor Stereo, Radio Fantastica, Radio Uno, Antena 2, la Carinosa, El Sol, Fiesta et des fréquences aux États-Unis et sur Internet. La concurrence a longtemps porté sur la créativité des formats : en 1951, Fernando Arango propose son script de radionovela (feuilleton) aux deux radios. Les conditions proposées par Caracol pour sa diffusion étant meilleures, c’est cette radio qui remporte la mise. Le feuilleton El derecho de nacer (Le droit de naître) est un des succès d’audience les plus importants de l’époque(7).
Historiquement, Caracol Radio a été lié au Parti libéral, un des deux partis les plus anciens et importants de la Colombie. Le groupe d’entrepreneurs qui a participé à la création de la radio dans les années 1940 était de filiation libérale et un de ses buts affichés était de créer un radio-journal politique pour défendre ses idées (ce qui n’a jamais pu être réellement fait en raison des restrictions normatives de l’époque). Parmi ces entrepreneurs, on compte Alfonso Lopez Pumarejo (président à deux reprises) et son fils Alfonso Lopez Michelsen (président pendant les années 1970). Même si ces deux politiques se retirent des activités de la radio pendant le mandat de Lopez Michelsen et que la radio garde une ligne éditoriale assez neutre, leur influence sur la radio existe jusqu’à sa vente au groupe Prisa à la fin des années 1990. Le propriétaire du groupe Bavaria, Julio Mario Santo Domingo, se réclame aussi du Parti libéral.
En 1990, un des plus importants journalistes de Caracol Radio et de l’histoire colombienne, Yamid Amat, ami proche de Lopez Michelsen, se retrouve dans un conflit d’allégeances : alors qu’il est le directeur du pôle informatif, la radio diffuse en son absence un article éditorial très critique envers le président, paru dans le journal El Espectador. Mal à l’aise et en désaccord avec le président de la chaîne Ricardo Alarcon, Yamid Amat préfère démissionner, coupant court à son ascension dans la radio et freinant considérablement sa carrière professionnelle. En 2001, un autre différend oppose un des journalistes de « La Luciernaga », Edgar Artunduaga au gouvernement en raison des critiques ouvertes faites par le journaliste à l’encontre du président Pastrana (du parti conservateur). Artunduaga finit par démissionner en accusant le gouvernement de faire pression pour le forcer à partir, ce qui déclenche un tollé.
Le 12 août 2010, à 5h30 du matin, un attentat à la voiture piégée se produit en plein cœur de Bogota, devant le bâtiment qui héberge, entre d’autres bureaux, ceux de Caracol Radio, de la W et de l’agence d’information EFE. L’attentat a produit d’importants dégâts matériels sur 100 mètres autour du lieu de l’explosion et neuf blessés légers. Lors de l’explosion, le présentateur Dario Arizmendi et son équipe de production se trouvaient sur les lieux en train de préparer l’émission « 6 AM Hoy por hoy », et commentent le drame quelques minutes après. L’heure matinale à laquelle s’est produit l’attentat suggère que l’objectif était d’intimider la population et les autorités de la ville sans causer de victimes, la circulation dans cette zone étant particulièrement dense pendant le reste de la journée. L’émotion dans la ville et dans le reste du pays a été très grande car il s’agit du premier attentat à se produire dans la capitale depuis 2003. Même s’il n’a donné lieu à aucune revendication de la part des groupes armés colombiens, la responsabilité de « l’étrange attentat » a été attribuée aux FARC (Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie) par le président Juan Manuel Santos qui n’avait pris ses fonctions que depuis cinq jours. En son sens, le but des FARC était de « continuer la tradition de faire leurs adieux à un gouvernement et de recevoir le suivant avec des actes de terrorisme ». Plusieurs guerilleros soupçonnés d’avoir participé à l’attentat ont été arrêtés en mai 2011.
Malgré les difficultés financières et de gestion qu’a connues Caracol Radio pendant les quinze dernières années, sa grande force réside dans la notoriété et le prestige de la marque, autant en Colombie qu’à l’international. Cependant, la qualité du journalisme réalisé par les radios informatives de Caracol ou le succès des radios musicales dépend de la santé financière du groupe Prisa. Ses récentes fragilités l’ont sûrement empêché de réaliser de nouveaux investissements qui permettraient de garder la motivation des équipes de journalistes intacte et d’éviter les départs chez la concurrence. Un des défis de Prisa en Colombie est donc de trouver un point d’entente avec ses journalistes nationaux, notamment avec ceux qui ont de longues trajectoires au sein de la radio et qui restent ceux qui assurent les résultats d’audience les plus importants.
Cherchant à s’étendre dans d’autres marchés médiatiques en Colombie, comme la presse écrite ou la télévision, Prisa s’est retrouvé face à un autre concurrent espagnol de taille : le groupe Planeta. Celui-ci a raflé la mise une première fois en 2007, en acquérant une part majoritaire des actions du journal le plus important du pays, El Tiempo. Ensuite, Prisa s’est vu une nouvelle fois confrontée à El Planeta lors de l’appel d’offres pour la troisième chaîne de télévision privée en Colombie début 2008. Un autre concurrent, vénézuélien cette fois-ci, est venu se joindre au concours, le groupe Cisneros. Finalement, Prisa comme Cisneros se sont retirés de l’interminable processus d’attribution en 2010, en accusant la Commission nationale de télévision colombienne de favoritisme envers le groupe Planeta.
Face à ces échecs, qui frustrent les projets d’expansion de Prisa en Colombie, une stratégie qui pouvait se révéler payante était de se réconcilier avec son ancien partenaire, le groupe Bavaria. En effet, ce dernier possède toujours une des deux plus grandes chaînes de télévision privée (Caracol Télévision) et un des journaux les plus prestigieux (El Espectador) du pays. Alejandro Santodomingo (fils de Julio Mario et nouveau président du Groupe Bavaria) affirme aujourd’hui qu’une de ses priorités est de trouver des alternatives pour revenir sur le marché de la radio. Mais devant les problèmes de leadership qu’affronte Prisa aujourd’hui, la perte partielle du contrôle sur ses marques phares (éditions Santillana) et l’entrée d’un nouvel actionnaire majoritaire (le fond d’investissements Liberty) au sein du capital, le groupe risque d’avoir d’autres priorités que celle de faire de la diplomatie auprès de la grande famille des Santodomingo.
- Actionnariat : groupe Prisa 70,1 %, actionnaires minoritaires 29,9 %
- Audiences (toutes radios confondues) : 39,5 %, soit 9 174 700 auditeurs en février 2011
- Pénétration sur le territoire colombien : 78,2 %
- Profits 2010 : 32 804 millions de pesos colombiens (17,3 millions de dollars)
- Profits 2009 : 19 008 millions de pesos colombiens
- Croissance 2009-2010 : 72,6 %
- Actifs de la compagnie 2010 : 201 825 millions de pesos (106,6 millions de dollars)
- Ebitda : 31,1 %
- Endettement : aucun
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Crédits photos :
- Image principale : immeuble Caracol Radio Julian Ortega Martinez - Flickr
- Logo Caracol Radio
- Capture d'écran 6AM Hoy por hoy
- Clara Rojas ¡Que comunismo! - Flickr
- Logo La W
- Montage des logos des différentes radios musicales du réseau Caracol Radio
- Logo Prisa
- Logo Grupo Latino de Radio
- Attentat contre Caracol Radio le 12 août 2012 eltiempo.com - Flickr
Dans son livre Il n'y a que moi que ça choque ?, Rachid Laïreche raconte son expérience personnelle dans la « bulle » des journalistes politiques, où il a passé huit ans pour Libération. À travers cet exercice d'autocritique, il dénonce le fonctionnement d'un certain type de journalisme politique marqué par l'entre-soi, un rapport « malsain » aux responsables politiques et déconnecté des préoccupations des lecteurs.