« We are living an exciting time for TV », c’est le message unanime des conférenciers invités par SXSW sur le sujet (AMC, ESPN, Univision, PBS, AOL, Starz, TNT, etc.). Avec cela, on a à la fois tout dit et rien dit.
Commençons donc par nous poser la question : qu’est-ce que la télévision ? D’après Ran Haverno, président de AOL Video, pour la génération de nos parents, la télévision est un écran avec une prise au mur, c’est-à-dire raccordé. « Pour mes enfants, poursuit-il, la télévision, c’est n’importe quel écran raccordé ou non ! ».
Quel est le bilan aujourd’hui ? Même si la consommation quotidienne, aux États-Unis, reste de 5h04 pour les plus de 24 ans, celle des jeunes de 18 à 24 ans baisse drastiquement à 3h20 par jour. En deux ans, la consommation des jeunes pour le petit écran (« raccordé ») a diminué de trois heures par semaine. Cette diminution s’est sans doute faite au profit du 2nd écran.
Près de 200 millions d’Américains ont regardé des vidéos en ligne, tous supports confondus, en janvier 2014. En 2013, la consommation de vidéo sur mobile et tablette aux États-Unis dépasse celle sur ordinateur et correspond déjà à près de la moitié de l’audience de la télévision traditionnelle ! YouTube reste le leader en termes de vidéos vues sur Internet avec 19 milliards, suivi loin derrière en deuxième position et pour un quart de ce volume par AOL (avec 4,7 milliards de vidéos vues).
Le deuxième écran est une pratique servie par des technologies flexibles, mobiles et rapides. Pour répondre à cette demande non-linéaire, les fabricants ont développé depuis plus de cinq ans la télévision connectée. D’autres offres de supports technologiques indépendantes sont également apparues telles l’Apple TV, Roku, Xbox ou Google Chromecast.
La part des télévisions connectées dans les foyers dépassera les 60 % en 2017 avec une progression de la consommation de contenu non-linéaire. Des systèmes comme Roku, AppleTV ou Google TV resteront leaders, pour les nouvelles générations, en termes de consommation VOD, surtout si les fabricants (comme Samsung ou LG) ne changent pas leur politique d’interface. L’expérience utilisateur doit être simple et facilitée par un zappeur dépouillé de tous boutons superflus. Ces nouvelles interfaces, comme le mentionne Scott Rosenberg, vice-président du développement commercial de Roku, sont basées sur l’expérience utilisateur PC plutôt que TV. C’est là toute la différence et c’est seulement grâce à ce changement d’optique de la part des fabricants ou des opérateurs qu’une vraie alternative sera proposée en réponse aux systèmes annexes indépendants.
Concernant les offres de contenu,
Netflix a su séduire le public américain avec son offre flexible, rapide et bon marché (6 euros / mois pour un contenu illimité de vidéo à la demande). Cependant, son système de « push » ou de recommandation n’est pas encore optimal pour l’usage des consommateurs.
Concernant
l’évolution des offres de contenu VOD, SXSW démontre une fois de plus la convergence des genres. En effet, l’offre de films est aujourd’hui conjuguée à celles de jeux vidéo en ligne. Quelques exemples :
Steam et
Double Debut, qui proposent des contenus provenant de producteurs indépendants (films et jeux vidéo). Le
business model va de l’abonnement à la donation avec un volet caritatif pour
Double Debut. Ces plateformes devraient se retrouver dans les offres VOD des opérateurs comme une offre à part entière. Cette distribution permettrait alors aux petits producteurs d’exister auprès du grand public et de se maintenir en vie par un biais direct et transparent. Ce serait un accord gagnant-gagnant de part et d’autre, pour l’industrie, les sociétés de télécommunications et les consommateurs. Cependant, les décodeurs des acteurs historiques supportent-t-ils une telle flexibilité technologique aujourd’hui pour accueillir la dimension « gaming » ?
Une autre réponse pour capter l’audience, non pas pour les opérateurs, mais pour les chaînes linéaires cette fois, se trouve dans les réseaux sociaux. Compte tenu de la dispersion de l’attention, les chaînes de télévision linéaire sont contraintes de trouver des systèmes annexes pour récupérer une partie de leur audience. Les outils interactifs sociaux (
Facebook,
Twitter,
Instagram,…) et autres applications dédiées au deuxième écran sont une alternative incontournable.