Les internautes ont-ils tué le web ?

Les internautes ont-ils tué le web ?

Pour Chris Anderson, patron du magazine Wired, "The web is dead" car la recherche sur Internet serait de plus en plus concurrencée par le système d'application donnant un accès direct aux contenus.
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Le web supplanté par les applications

Le web est mort, longue vie à l’Internet. L’article de Chris Anderson, patron du magazine Wired cosigné par Michael Wolff a lancé le débat cet été sur l’avenir du world wide web, le réseau de pages connectées par des liens hypertextes et que l’on consulte via un navigateur. Selon Wired, la recherche de ces pages est de moins en moins recherchée par les internautes au profit des applications qui fleurissent sur les smartphones et les tablettes telles que l’iPad.
 
Pour Anderson, il s’agit là de l’évolution d’Internet et d’un changement de consommation de la part des internautes. "Vous vous réveillez et consultez vos emails sur l’iPad, c’est une application. Pendant le petit déjeuner, vous regardez Facebook, Twitter et le New York Times, trois applications de plus. Sur la route conduisant au travail, vous écoutez un podcast sur votre smartphone. Au travail, vous avez des conversations via Skype et IM (Instant Messenger). En rentrant chez vous, vous préparez le diner en écoutant Pandora, jouez à quelques jeux sur Xbox live et regardez un film grâce au service streaming de Netflix."
 
En somme, ce serait la victoire de la rapidité et du système fermé tel que le prône Steve Jobs avec l’iPhone et semi-fermé avec Facebook, "un monde parallèle au web" explique Michael Wolff. Et Chris Anderson étaye son argumentaire de chiffres dont un graphique montrant l’affaiblissement du web ces dix dernières années, cependant contesté sur la méthode par les sites spécialisés Boing Boing et Tech Crunch. Il s’appuie également sur une étude Morgan Stanley selon laquelle "d’ici cinq ans, le nombre de personnes accédant au net via les appareils mobiles dépassera le nombre de ceux y accédant à partir des PC (ordinateurs personnels ou de bureau)".

Deux systèmes en concurrence

Le web est-il mort ? Pas encore comme le démontre le succès d’un moteur de recherche comme Google. Mais le système des applications est-il une concurrence ? Oui comme semble le sussurer le même Google en présentant sa Google TV, un modèle de télévision connectée à Internet et pour lequel on accèderait, selon la présentation faite par l’entreprise début octobre, à différents contenus par un système d’applications en plus du mode de recherche traditionnel. Il y aurait ainsi une application NBA pour revoir les matches de basket américains, une chaîne NBC pour les programmes de la chaîne, une autre Amazon VOD pour des vidéos à la demande, etc. Par ailleurs, les applications se sont érigées comme l'accès privilégié aux contenus sur les téléphones mobiles.

Le web et les applications peuvent cohabiter car la manière de consommer l’Internet diffère selon que l’on soit au bureau, dans les transports ou chez soi, selon ses propres attentes aussi et parce que tout le monde n’est pas encore équipé d’un smartphone.
 
Par ailleurs, on peut à la fois posséder un iPod sur lequel on chargera ses podcasts, un téléphone intelligent pour envoyer des courriers électroniques et un ordinateur personnel grâce auquel le dernier de la famille fait ses recherches pour son prochain exposé sur les chevaliers de l’An Mille. Pas sûr qu’il trouve aujourd’hui de quoi être le plus pertinent et le plus précis sur les applications du téléphone de papa...

Les applications n'ont pas encore gagné la bataille

Néanmoins, si les habitudes des internautes changent au profit des applications, s’ils tuent le web comme l’entend Chris Anderson, à qui peut profiter le crime ? Aux médias par exemple, et Anderson le sait sans doute, qui espèrent pour une partie d’entre eux traverser la crise de la presse grâce à des systèmes fermés comme celui de l’iPad. Les internautes, pour lire un journal ou magazine sur la tablette d’Apple, doivent en effet dans certains cas payer un ticket d’entrée correspondant au coût du téléchargement de l’application. Cette nouvelle consommation est économiquement plus avantageuse que la consultation libre des articles sur le web et Google News.

Ce système a cependant pour effet de resserrer l’offre autour des seuls acteurs disposant d’une "appli" et conforte les marques qui profitent d’une expertise dans un domaine. En faisant disparaître la recherche, le seul salut de l’internaute reste de se tourner vers ceux qu'il estime crédibles pour s’informer.

Reste une dernière limite : la technologie. Les applications qui se montrent aujourd’hui innovantes comme celles des chaînes TF1 ou TMC permettant de regarder la télévision en direct sur son mobile ou de revoir des programmes à son gré sont très gourmandes en données et nécessitent un forfait adapté. Sans quoi, le débit peut ne pas être suffisant pour une qualité vidéo optimale et une bonne utilisation des autres applications. Enfin, il ne faut pas oublier que l’Internet s’appuie sur des internautes de plus en plus producteurs de contenus et dont le terrain de prédilection reste aujourd’hui le web car open.

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