Médias et réseaux sociaux ont-ils réellement fait gagner Trump ?

Médias et réseaux sociaux ont-ils réellement fait gagner Trump ?

Aux lendemains de l’élection surprise de Donald Trump à la présidence des États-Unis, 10 chercheurs s’interrogent sur l’influence des réseaux sociaux et des médias sur le vote.
Temps de lecture : 2 min

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danah boyd (sociologue spécialiste des réseaux sociaux, chercheuse chez Microsoft Research)

Dans son billet, la chercheuse produit une critique acerbe de la sphère médiatique, coupable selon elle de faire de la joute électorale un spectacle, au point d’en perdre de vue les conséquences sur les électeurs. À force, par exemple, d’abuser de sondages de moins en moins fiables, les médias ont poussé au désengagement de nombreux électeurs.
 
À lire sur Points

 
Rodney Benson (professeur de sociologie, université de New York)

Pour Rodney Benson, les médias ont trop minoré l’impact de l’électorat touché par la mondialisation et exagéré celui des électeurs les plus radicaux. Ils ont en outre été incapables de traiter de façon égale les scandales liés à Hillary Clinton et ceux touchant Donald Trump durant la campagne.
 
À lire sur L’Obs

 
Julia Cagé (professeure d’économie à Sciences Po Paris, auteure de Sauver les médias)

Pour Julia Cagé, les journalistes, à la fois précarisés et enfermés dans leur bulle élitiste, portent une responsabilité dans ce choix populiste. S’appuyant sur les mêmes sources et experts, ils n’ont pas su prendre le pouls d’une Amérique rurale et désindustrialisée, et contribuent à alimenter une information qui tourne en rond sur les réseaux sociaux.

À lire sur Le Monde

 
François Jost (analyste des médias, professeur à la Sorbonne Nouvelle Paris III) 

L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a généré un phénomène de sidération, tout particulièrement chez les journalistes. Pourquoi ? Dans cette brève tribune, François Jost va à l’essentiel : le « microcosme » des médias n’a pas chaussé les bonnes lunettes face au phénomène Trump, il est temps qu’il retombe sur terre.

À lire sur L’Obs

 
Timothy Garton Ash (historien, professeur en études européennes, université d’Oxford)

Pour cet historien, le phénomène des bulles existe bel et bien et les médias en font partie intégrante. Le marché ultra concurrentiel de l’information pousse ces derniers à vouloir s’adresser au plus grand nombre et non pas à un public de niche. Pour se reconnecter aux peuples, les médias doivent plus couvrir l’information locale.
 
Dominique Cardon (sociologue, professeur associé, université Paris-Est Marne-la-Vallée)

Trois questions à Dominique Cardon, auteur de À quoi rêvent les algorithmes. Nos vies à l'heure des Big Data, pour savoir s’il existe une « bulle » créée par Facebook qui aveuglerait sur la réalité et comment s’en prémunir.

À lire sur Rue89
 

Olivier Ertzscheid (maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, IUT de la Roche-sur-Yon)

Olivier Ertzscheid défend l’idée que Facebook est un média à part entière, qui a forcément une influence puisqu’il touche 218 millions d’Américains. Facebook crée une « illusion de la majorité » qui nous fait croire qu’une opinion est largement répandue alors qu’elle peut être minoritaire. L’auteur analyse comment ce phénomène fonctionne et peut fausser notre perception de la réalité.

À lire sur affordance.info


Zeynep Tufekci (sociologue, université de Caroline du Nord)

Facebook ne peut plus se cacher derrière son petit doigt : la plateforme exerce une influence capitale sur la façon dont les gens sont informés ou non, voire désinformés. Il revient désormais à Mark Zuckerberg d’autoriser des collaborations entre ses équipes et des chercheurs indépendants, et de faire la chasse aux intox.
 
À lire sur New York Times

 
André Gunthert (maître de conférences à l’EHESS)

Selon lui, il ne faut pas croire que les bulles de filtre existent sur les réseaux sociaux. Les opinions auxquelles nous sommes confrontés sur les réseaux dépendent de nos choix plus que des algorithmes, et la presse cible tout autant ses lecteurs en leur proposant des points de vue qui leur correspondent.
 
À lire sur L’image sociale

 
Antonio A. Casilli (maître de conférences en humanités numériques à Telecom ParisTech et chercheur au Centre Edgar-Morin de l’EHESS)

Pour le chercheur, opposer le filtre des bulles algorithmiques à la responsabilité des usagers des réseaux sociaux pour expliquer l’élection de Donald Trump sont deux positions indéfendables. Selon lui, trois facteurs sont à prendre en compte pour débattre : la persistance du fascisme, l’alignement de tous les partis sur l’extrême-droite, et la nécessité de renvoyer l’ensemble des médias, y compris les réseaux sociaux, à leurs responsabilités.
 
À lire sur Casilli.fr

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Crédit photo :
Donald Trump. Gage Skidmore / Flickr. Licence CC BY-SA 2.0

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