Le web, fossoyeur ou avenir de la télévision ?

Le Web, fossoyeur ou avenir de la télévision ?

À cause du Web, la télévision serait en perte de vitesse. Pourtant, les nombreuses interactions entre la télé et Internet ont permis de créer de véritables communautés de téléspectateurs autour des émissions et changent la façon de vivre les médias.  

Temps de lecture : 11 min

Les « idées reçues » sur les médias sont légion. L’une des plus répandues consiste à dire qu’Internet va tuer la télévision. Le préjugé le plus courant concerne « les jeunes » qui ne regardent plus la télé car ils « vont sur Internet et passent leur vie sur les réseaux sociaux ». Pour preuve, il n’y a qu’à regarder les audiences affaiblies des grandes chaînes telles que TF1 où des grandes émissions comme « Le Grand Journal ».

Cependant, les faits sont plus complexes et s’il existe bien des baisses d’audiences, ce n’est pas seulement « à cause du web ». Cela est dû à un certain nombre de facteurs convergents comme la multiplication de l’offre et la grande diversité des supports de diffusion.

Après avoir observé quelques-uns de ces changements, nous allons aborder deux exemples de l’utilisation du web social par la télévision française aujourd’hui. L’un du côté des émissions politiques, avec « Des paroles et des actes » sur France 2, et l’autre avec « Clem », la série de TF1. À leur manière, chacun de ces programmes propose une réponse différente à la possible interaction avec le public. Pour terminer, on posera la question des enjeux de la télévision de d’aujourd’hui, à travers la nécessaire convergence entre web et télévision.

Papy sur Facebook ou le bouleversement médiatique

Avec Internet et la multiplication des chaînes, l’univers médiatique a considérablement évolué. Arrêtons-nous sur trois usages qui nous sont désormais familiers. Tout d’abord, il est possible d’avoir accès à la télévision où l’on veut et quand on veut. Les écrans sont partout, la télé est dans notre poche, comme le décrivait si habilement « Télévision : œil de demain » en 1947.


Accessible partout, la télévision offre aussi ses programmes au choix, et en matière de programmes de flux, on peut rater une émission lors de sa programmation et la voir un autre jour.

Troisième élément : l’offre s’est démultipliée. Si, il y a 15 ans, le féru d’histoire devait attendre un jour précis de la semaine (voire du mois) pour regarder une émission sur l’histoire, il a aujourd’hui plusieurs chaînes à sa disposition. Les fans de séries peuvent désormais apprécier leurs fictions préférées à grand coup de « binge-watching », pratique qui consiste à regarder en une seule fois un grand nombre d’épisodes d’une même série par exemple.

En pratique, le public a vécu ces changements de façon différente selon son âge, sa culture et son appétence pour ce que nous appelions encore il y a peu « les nouvelles technologies ». Inutile de se cacher derrière l’écran de sa tablette tactile : nous ne sommes pas égaux devant le numérique et n’en déplaise aux plus jeunes, certains grands-pères passent leur retraite à stalker (traquer) leurs petits-enfants sur Facebook tandis que des trentenaires ont supprimé leur compte de peur d’y perdre trop de temps. Il n’est pas question ici d’une quelconque intelligence mais plutôt d’un intérêt plus ou moins accru pour le web et ce qu’il peut offrir ou au contraire empêcher.

 

 La programmation reste essentielle pour la télévision : pour pouvoir la commenter sur les réseaux sociaux, il faut la regarder au même moment 

Henry Jenkins montre que plusieurs compétences se développent chez les plus jeunes autour de la « culture de la convergence »(1) . Il s’agit de l’aptitude à mettre en commun des informations de façon collaborative, à partager et comparer, à établir des relations entre informations disséminées. Cependant, imaginer que la convergence ne concerne que les plus jeunes est faux. Il suffit de suivre un live-tweet de l’émission de « L’amour est dans le pré » (#ADP) pour s’en persuader : le lundi soir, Twitter deviens le plus grand canapé français, sur lequel sont installés des milliers de « Twittos », petits et grands.

Cela signifie que la programmation reste essentielle pour la télévision : pour pouvoir commenter la télévision sur les réseaux sociaux, il faut la regarder au même moment.

Quoi qu’il en soit, notre environnement médiatique a bel et bien évolué et « la télévision » est disponible en de multiples endroits. L’objet « télévision », qui trône ou trônait au milieu du salon, a perdu de sa superbe, et si la télévision est encore regardée 3 h 41 en moyenne par jour et 2 h 26 pour les 15-35 ans, elle est surtout regardée partout. Les plus jeunes s’assoient moins aux côtés de leurs parents pour regarder la télé avec eux, ils utilisent des appareils numériques. Comme le relève Sylvie Octobre, nous sommes face à « des technologies de plus en plus individualisantes »(2)  : les appareils fixes sont supplantés par des appareils nomades aux fonctionnalités multiples. Dès lors, profitant de l’abonnement au bouquet de chaînes de ses parents, un enfant ou un adolescent peut avoir accès à ses programmes où il le veut et plus ou moins quand il le souhaite.

 

 Les Français ne regardent pas forcément moins la télévision, ils ont tout simplement plus de choix 

Enfin, l’offre s’est démultipliée, remettant en cause l’hégémonie des grandes chaînes historiques. Dans les années 1980-90, l’animateur vedette Patrick Sabatier réunissait en moyenne 10 millions de téléspectateurs chaque vendredi dans ses émissions comme « Porte-bonheur »(3)  ou « Tous à la Une ». L’émission « Porte-bonheur » a même réuni jusqu’à 21 millions de téléspectateurs ! Mais c’est du passé. Un programme phare de la chaîne, tel que « The Voice », a réuni un peu plus de 6 millions de téléspectateurs pour sa finale en 2015, ce qui est un excellent score. Les Français ne regardent pas forcément moins la télévision, ils ont tout simplement plus de choix.

Parmi ces choix, il y a évidemment les services de vidéo à la demande comme Netflix, qui se posent comme des concurrents importants des chaînes plus traditionnelles. Ces dernières se trouvent face à une difficulté de positionnement : elles ne peuvent se transformer en robinet à fictions sans perdre ce qui fait leur force et leur identité. Dès lors, sur le marché français, la plupart des grandes chaînes font des contre-propositions à l’offre de Netflix. Par exemple, le groupe Canal+ propose Canalplay, une offre de séries et de films en illimité sur le même modèle que son concurrent américain. Les groupes média se diversifient donc pour faire face à cette concurrence accrue qui, de Netflix à YouTube, proposent désormais leurs propres productions qui n’ont parfois rien à envier à la télévision plus traditionnelle, qu’il s’agisse de programmes culturels, d’information ou de conseils pratiques. Par ailleurs, une plateforme comme Youtube attire un public un public beaucoup plus jeune que celui de la télévision, ce qui n’est pas sans effets.

Concentrons-nous à présent sur l’un des aspects important de la télévision aujourd’hui en matière de numérique : l’utilisation des réseaux sociaux par les émissions elles-mêmes.

 

Structuration institutionnelle de la conversation télé

La télévision est un média de sociabilité : on aime en discuter, et comme l’observe Dominique Boulier, la télévision, comme la météo est « un support à l’échange conversationnel(4) . Dès lors, il n’est pas surprenant que le public ce soit emparé d’un réseau social tel que Twitter afin de poursuivre ses discussions autour de la télévision.

Chacun a désormais la possibilité de commenter les programmes qu’il regarde sur les réseaux sociaux. Les sociétés de production ont pris acte de ce phénomène qui a démarré en France autour de 2008, elles ont désormais pris la main et proposent une forme de structuration institutionnelle de la conversation télé sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, chaque chaîne et chaque émission possède son propre dispositif 2.0 et invite les internautes, avec plus ou moins de réussite, à « interagir » avec les émissions. Pour mieux comprendre les façons de procéder aujourd’hui, observons deux exemples à l’œuvre en 2015 : une émission politique de France 2, et une série de TF1.

 

Programme politique et interactivité feinte

 

« Des paroles et des actes », diffusée sur France 2, est l’émission d’actualité qui a été la plus « live-tweetée » en 2014. Ce programme politique d’environ 2h45, au dispositif plutôt classique, met tour à tour en face de l’invité des journalistes de la maison, des acteurs de la politique et des journalistes venus d’autres médias.

Comme pour chaque émission consacrée à l’information (à comprendre au sens large), le dispositif 2.0 de « Des paroles et des actes » est adossé au site Francetvinfo.fr. Les réseaux sociaux utilisés sont Facebook et Twitter. Le jeudi 12 mars 2015, l’émission reçoit le ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron(5) . Après avoir présenté le déroulement de l’émission et avoir posé quelques questions en préambule à son invité, David Pujadas s’adresse aux téléspectateurs en ces termes : « Les Français, vous pouvez aussi, si vous le souhaitez, suivre et commenter cette émission sur Francetvinfo.fr et sur Twitter, et certains de vos messages, vous en avez l’habitude maintenant, seront diffusés à l’antenne ». À l’image, le hashtag #dpda est mentionné sur les différents murs d’images ainsi que sur la table qui sert également d’écran.

Les tweets sélectionnés et qui passent à l’antenne sont tous estampillés du nom du site Internet, signifiant l’importance de la « marque » Francetvinfo. Chaque message sélectionné indique le nom de la personne qui l’a émis, le #DPDA, le message et donc le nom Francetvinfo.

En ce 12 mars 2015, sur deux heures cinquante d’émissions, un peu plus de vingt tweets sont sélectionnés pour passer à l’antenne. Ils suivent les thématiques et sujets abordés, avec parfois quelques minutes de décalage. La diffusion des tweets semble être indépendante de ce qu’il se passe en plateau et, à une exception près, l’invité n’est pas amené à répondre aux messages diffusés. À un seul moment, donc, David Pujadas lit ce message (destiné à Emmanuel Macron et Benoist Apparu) : « Je vous lis le tweet qu’on a en ce moment » :

Si l’on observe la teneur des vingt messages sélectionnés pour passer à l’antenne, ils peuvent se diviser en trois catégories :

Les messages positifs pour l’invité : « Libéral ou non, Macron est engagé et de conviction », ou encore « Le P.S. a la chance d’avoir un type comme Emmanuel Macron dans ses rangs ».

Les messages qui, s’ils ne sont pas forcément négatifs pour l’invité principal, ne vont pas nécessairement dans son sens, ou alors sont de l’avis de son contradicteur : « Macron, pensez à la classe ouvrière qui n’en peut plus, pas de travail, on se sent abandonnés », ou « La gauche a défait la faible réforme des retraites initiée par Fillon. Quelle perte de temps Emmanuel Macron ».

Enfin les messages qui s’intéressent au débat lui-même, sans forcément prendre le parti de quelqu’un : « L’urgence de la France c’est l’emploi. Dommage de voir que les politiques ne puissent pas avancer ensemble ».

L’ensemble des messages est réparti de manière assez égalitaire entre ces trois catégories, et un certain nombre d’entre eux peuvent appartenir à deux catégories. Souvent, ces messages reflètent une parole testimoniale : ils ont pour fonction d’attester de la véracité du sujet, ils exemplifient le débat.

On constate que la promesse d’interaction n’est pas tenue car en aucun cas les téléspectateurs ne peuvent intervenir dans le débat ou interpeller l’invité. Leur parole reste sans réponse et la seule satisfaction pour l’internaute peut éventuellement être d’avoir eu un tweet diffusé à l’antenne, mais celui-ci restera « lettre morte » en termes de discussion.

Observons à présent la façon dont les réseaux sociaux sont appréhendés du côté de la fiction grand public.

 

La fiction et la communauté

La série de TF1 « Clem » a mis en œuvre un dispositif 2.0 un peu différent. Diffusée depuis 2010, elle raconte la vie d’une adolescente, Clémentine, qui a un enfant à seize ans. Le téléspectateur va suivre les aventures de l’héroïne, de ses amis et de sa famille au fur et à mesure des saisons(6) . La série connaît le succès, réunissant plus de 6 millions de téléspectateurs et une moyenne de 22 % de parts de marché. Progressivement, TF1 a développé autour de

« Clem » un dispositif 2.0 qui se décline bien évidemment sur le site Internet, Twitter et Facebook.

Le compte Twitter de la série porte le nom de son héroïne principale, Clémentine Boissier (@Clem_Boissier). Au début du mois de juillet 2015, le compte était suivi par 37 600 personnes(7) . Ce compte Twitter occupe deux fonctions principales : Il exprime les pensées et relate les propos de l’héroïne, Clem, ou il reprend (retweet) quelques messages émis par les fans de la série. Les messages émis ou repris sont toujours positifs.

Sur Facebook, au mois de juin 2015, la série compte plus de 850 000 fans, et ce compte est utilisé à plusieurs fins : on y émet des messages pendant la diffusion du programme (ce sont exactement les mêmes que ceux émis sur Twitter). Ils accompagnent la diffusion de la série auprès d’un public plus large que celui de Twitter car le réseau est plus développé. On invite au replay en mentionnant le lien allant vers le site de TF1 accompagné d’un message pour voir ou revoir l’épisode de la veille. On dévoile les coulisses de la série au moyen de petites vidéos, qui simulent le « pris sur le vif » et où l’internaute est invité à voir, commenter et partager des moments filmés pendant le tournage de la série. On met en place des jeux : l’héroïne enceinte, la production propose aux fans de la série de voter pour choisir le prénom du bébé. Plus de 200 000 internautes ont voté, ce dont s’est félicitée l’héroïne dans un « webisode », la semaine du 30 avril 2015. Après son mariage, les internautes sont invités à laisser un message de félicitations à Clem. Une fois que le message a été envoyé via l’application, il sera peut-être sélectionné pour apparaître sur le livre d’or.

En s’exprimant sur les réseaux sociaux à propos de leur série préférée, les fans entrent dans une certaine mise en scène d’eux-mêmes. La télévision continue ici de tenir un rôle dans la construction des identités sociales. Hier par courrier avec « Hélène et les garçons » ou aujourd’hui avec « Clem », les fans acceptent de « jouer le jeu » en croyant à une relation possible, tout en étant conscients de la machine industrielle à l’œuvre(8) .

Avec Facebook et Twitter, l’expérience sociale est structurée par les sociétés de production qui invitent le téléspectateur-internaute à entrer dans une forme d’interaction prévue à l’avance – et donc largement feinte. Ce qui est retenu par la production ne reflète pas la réalité de ce qui est dit sur les réseaux à propos des émissions, mais ces contenus nous renseignent sur ce que les programmes veulent que l’on retienne d’eux.

Une autre façon de vivre les médias

Si ces deux exemples montrent des stratégies 2.0 assez différentes, elles témoignent cependant deux choses communes : d’abord, les grandes chaînes ont pris conscience de l’importance des réseaux sociaux en matière de programmation pour rassembler des communautés de public. Ensuite, l’interactivité tant annoncée reste pour l’instant cantonnée à un éventuel (mais rare) échange avec le community manager de l’émission, mais pas avec le programme lui-même, qui suit son cours en dehors de tout échange avec le public.

 Le vrai défi de la télévision serait d’intégrer à son univers et aux programmes eux-mêmes une stratégie numérique 

Le vrai défi de la télévision d’aujourd’hui et de demain serait d’intégrer à son univers et aux programmes eux-mêmes une stratégie numérique. On pense par exemple à « The Voice » qui, aux Etats-Unis va beaucoup plus loin : télécharger un morceau de musique sur iTunes équivaut à un vote, on peut sauver des candidats en tweetant, les coachs s’interpellent entre eux sur Twitter, etc. Les émissions peuvent donc être pensées en intégrant plus fortement les réseaux sociaux.

Cet enjeu est celui des industries culturelles d’aujourd’hui et il est de taille puisqu’il développe un sentiment d’appartenance à la communauté et qu’il permet aux chaînes de promettre aux annonceurs un public très captif puisqu’il est engagé dans une discussion. Gageons qu’avec de tels enjeux financiers, le programme 2.0 ne tarde pas à vraiment voir le jour sur le « petit écran », changeant en partie la nature des émissions.

Si Internet ne s’oppose pas la télévision c’est parce qu’ils ont, nous l’avons vu des intérêts convergents mais aussi parce qu’« Internet n’est pas un média comme les autres »(9) . On peut, avec Dominique Cardon, refuser « une chronologie qui commencerait avec la presse, se poursuivrait avec la radio et la télévision(10)  pour arriver ensuite au web. Les supports ne peuvent se concevoir comme une succession de médias suivant une sorte d’évolution industrielle et culturelle. Les possibilités offertes par Internet n’effacent pas les médias plus « traditionnels », mais changent plutôt notre façon globale de les aborder, de les vivre. C’est pourquoi télévision et numérique vont converger, se domestiquer et s’adapter aux usages d’un public toujours plus exigeant.
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Crédits photos :
tvmaldives (TVM). recurringsdreams / Flickr
Capture d'écran de la page Facebook "Fans de Clem".

    (1)

    Henry JENKINS, La Culture de la convergence. Des médias au transmédia, Paris, Armand Colin, 2013.

    (2)

    Sylvie OCTOBRE, Deux pouces et des neurones, Les cultures juvéniles de l’ère médiatique à l’ère numérique, DEPS, Ministère de la Culture et de la Communication, Paris 2014, p. 41. 

    (3)

    Virginie SPIES, Télévision, Presse people : les marchands de bonheur, Bruxelles, INA De Boeck, 2008, p. 21. 

    (4)

    Dominique BOULIER, La conversation télé, rapport pour le CENT et le ministère de l’Industrie et de la Recherche, Rennes, Lares, 1987

    (5)

    L’émission a réuni 2.333.000 téléspectateurs, soit 11,1 % de part de marché.

    (6)

    En 2015, TF1 a diffusé la 5ème saison de Clem.

    (7)

    Il suivait 1 330 personnes et avait émis 6 944 messages.

    (8)

    Dominique PASQUIER, La culture des sentiments, l’expérience télévisuelle des adolescents, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1999.

    (9)

    Dominique CARDON, La démocratie Internet, Promesses et limites, Paris, Seuil, La République des idées, 2010, p. 8.

    (10)

    Dominique Cardon, Ibid. 

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