Une production grand public, locale et qui peine à s’exporter
La production chinoise s’envole également : on compte 618 films produits en 2014, même si seulement la moitié connaît une exploitation en salle. La production est partagée entre plusieurs acteurs publics et privés. Les principaux acteurs restent les groupes publics comme China Film Group, Huaxia (qui produit, à travers ses filiales, une soixantaine de films par an) ou Shanghai Film Group (une vingtaine de films par an). Le groupe Wanda finance ainsi une dizaine de films chaque année (comme Police Story 3, avec Jackie Chan) et joue aussi le rôle de distributeur avec sa filiale Wuzhou Film Distribution. On compte également beaucoup de producteurs privés comme Huayi Brothers Media (The Warlords, The Forbidden Kingdom, Detective Dee and the Mystery of the Phantom flame), Bona Film Group (Red cliff), Stellar Media Group (Shanghai Dreams, de Wang Xiaoshuai) ou encore Beinjing Enlight Pictures (The Last Tycoon). S’ajoutent à ceux-ci des fonds d’investissements privés, ainsi que les filiales de productions d’acteurs de l’internet (Alibaba Pictures, Iqiyi Motion Pictures pour Baidu, Heyi Films pour Youku…)
La production est très concentrée sur quelques genres : le film historique (Confucius, Sacrifices of war, City of Life and Death), le wuxia pian (films d’arts martiaux, comme Hero ou Le Secret des poignards volants), la comédie romantiques (Go Lala Go) et la comédie potache (Breakup buddies, Lost in Thailand, Kung Fu Chef). Quelques stars contribuent à la notoriété des films, comme Chow Hun-Fat, Xu Zheng, Shu Qi ou encore Stephen Chow. De plus petites sociétés de productions, créées autour des auteurs et réalisateurs, complètent le panorama : Xtream Pictures par exemple, fondée par le cinéaste et scénariste Jia Zhang Ke.
Historiquement, la production de film a d’abord été l’apanage de Shanghai et de sociétés comme Xinhua Film Company et Mingxing Film Company. Avec la seconde guerre mondiale, puis la révolution culturelle (1966-1975), producteurs et talents quittent Shanghai et se dispersent, notamment à Hong Kong où le cinéma d’action se construit autour de Bruce Lee. Dans les années 1980, la production reprend partout : Wong Kar Wai, John Woo et Tsui Hark dominent Hong Kong, Hou Hsiao-hsien à Taiwan, et les cinéastes de la cinquième génération (avant les manifestations de Tiananmen en 1989), installés à Pékin, réalisent un cinéma au succès international. Les films de Zhang Yimou et Chen Kaige en sont le fleuron : Adieu ma concubine (palme d’or en 1993) ou Qiu Ju, femme chinoise (1994). La sixième génération, formée de cinéastes plus radicaux, reproche à ses prédécesseurs une tendance à l’académisme. Sa production est plus confidentielle, peu vue en Chine, voire censurée. Elle occupe cependant davantage les écrans internationaux, en particulier français. On pense aux films de Jia Zhang Ke (Still Life, A touch of Sin), de Wang Bing (À l’Ouest des Rails), de Yi'nan Diao (Black Coal).
Dans l’ensemble, le cinéma chinois rayonne encore peu hors du pays. Sur les écrans français, ce sont une poignée d’entre eux qui sont diffusés chaque année, essentiellement les films d’art et essai précités.
Coming Home, fresque ambitieuse de Zhang Yimou, n’a pas trouvé de public en France en 2014, contrairement à des films plus modestes comme
Black Coal la même année. La majeure partie de la production n’est pas exportée. On pense par exemple à
Confucius, blockbuster local avec Chow Hun-fat, qui n’a jamais été distribué en France. La Chine compte donc de plus en plus sur l’expansion internationale de ses entreprises (Wanda) et aux partenariats recherchés par les majors américaines pour internationaliser sa production et diffuser davantage son cinéma hors de ses frontières.
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Crédits photos :
UA Cinema. SimonQ /
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